Sous les projecteurs
Franck Riester n’aura pas échappé au phénomène d’usure accélérée qui frappe les ministres de la Culture.
L’inquiétude est montée rapidement : dès l’annonce du report de la Biennale de danse de Lyon, la menace d’un retrait des mécènes a plané sur les finances des manifestations.
« Nous, danseuses et danseurs au CNDC d’Angers, au sein de la compagnie et de l’école, avons appris récemment que le ministère ne soutiendrait pas financièrement le projet de Robert Swinston sur sa transition en association indépendante post- CCN.»
Promis par le président de la République le 6 mai, le fonds dédié aux festivals n’est pas prévu dans le nouveau budget rectificatif.
Après l’annulation du Off d’Avignon, les théâtres regardent l’avenir avec inquiétude.
En l’absence de festivals, les programmateurs d’artistes de l’espace public voient leurs habitudes bouleversées.
Mêmes si les conditions d’accueil se sont assouplies, l’incertitude prévaut sur la saison prochaine. Les lieux tentent de maintenir le lien, affinent leur communication et développent des capacités d’adaptation inattendues au sein de leurs équipes.
Fonds d’urgence, aies exceptionnelles : les villes se sont vite mobilisées, coordonnant leurs efforts avec les autres collectivités. À l’heure d’envisager l’avenir, certains directeurs des affaires culturelles imaginent que le contexte pourrait induire une forte évolution des pratiques professionnelles et des rapports des acteurs entre eux.
Sans spectacle à voir pendant plusieurs mois, les programmateurs ont dû s’organiser différemment pour imaginer leurs saisons futures. Avec plus d’échanges, de réseau et peut-être d’écoute auprès des artistes de leur territoire. Des habitudes nouvelles que certains aimeraient conserver à l’avenir.
En s’assurant de la survie économique de leurs projets, en se plongeant dans une création future ou en maintenant le lien à distance avec les publics, les artistes ont fait preuve réactivité dans un contexte qui, pourtant, accroissait encore leur précarité.
Pour les pièces qui devaient être créées au printemps, puis vues à Avignon, le coup est rude. Les artistes évitent de céder à, la panique mais craignent que certains de ces projets ne voient jamais le jour ou ne manquent d’une visibilité indispensable à leur développement.
Le décalage entre la perception des droits et la rémunération induit un report de plusieurs mois de l’impact de la crise sanitaire sur les revenus des artistes et des auteurs. Elle n’en sera pas moins rude. Autre conséquence : les programmes d’action culturelle seront réduits dans de fortes proportions.