Franck Riester n’aura pas échappé au phénomène d’usure accélérée qui frappe les ministres de la Culture. Arrivé sur des succès comme le déblocage de l’accord entre Canal+ et les organisations professionnelles du cinéma sur la chronologie des médias, il quitte sur l’enlisement de la réforme de l’audiovisuel. Surtout, il paraît avoir manqué de poids politique au moment où le secteur du spectacle vivant est dévasté par la crise de Covid-19. C’est ce poids politique qui donne de la valeur à la nomination de Roselyne Bachelot, au-delà de sa popularité médiatique et de son franc-parler. Elle est l’une des rares ministres de la Culture à avoir une solide expérience de ministre à son arrivée Rue de Valois. Un atout dans les relations avec les administrations centrales du gouvernement.
Ses débuts en politique remontent à 1982, comme élue départementale du Maine-et-Loire. Elle a été députée de 1988 à 2002, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, mais aussi élue européenne et surtout trois fois ministre, auprès de Jean-Pierre Raffarin, puis de François Fillon. Son mandat à la Santé sous Nicolas Sarkozy, réhabilité à la lumière de la crise de Covid-19, rehausse sa crédibilité. « Une personnalité de premier plan pour porter les grands dossiers », salue l’Adami. « Son expertise et son expérience politiques ainsi que sa passion pour l’opéra et plus largement la création et la culture seront des atouts incontestables », applaudit la SACD.
Reste à confronter sa motivation aux réalités d’une durée limitée à 23 mois. C’est cette fugacité ministérielle qui préoccupe, au Syndeac : « Nous avons beaucoup de chantiers en cours, nous attendons qu’ils soient traités dans la continuité et avec de la réactivité, réagit Nicolas Dubourg. Dans une situation de crise, le moment n’est pas à une remise à plat et une réanalyse. » Les syndicats d'entrepreneurs du spectacle vivant privé saluent la nomination de Roselyne Bachelot et souhaitent des « états généraux des industries culturelles et créatives » avec, pour ligne d’horizon, un plan de relance sectoriel « massif ».
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°476
Légende photo : Lors de la passation de pouvoir, le 6 juillet
Crédit photo : D. R.