Au cœur du système de diffusion en France, les scènes nationales vont considérablement réduire la voilure la saison prochaine.
Au cours de l’hiver, alors que se finalisaient les programmations pour la saison à venir, des rumeurs circulaient déjà. L’exercice 2022-2023 s’était déjà avéré difficile et la conjugaison des baisses de subventions, de la hausse des coûts de l’énergie et des aléas de fréquentation n’augurait rien de bon. Les maisons d’opéra, ces grosses machines très dépendantes de la subvention, un écosystème très fragile, ont montré des signes de faiblesse. L’Opéra de Rouen-Normandie annonçait devoir fermer ses portes durant six semaines au printemps, en avril et mai. En situation financière délicate depuis des années, il doit affronter la hausse spectaculaire du prix de l’énergie (+ 450 000 euros en un an pour un coût global de 650 000 euros).
L’Opéra national du Rhin a été contraint d’annuler une représentation à la Filature, à Mulhouse (Haut-Rhin), et d’en transformer une autre en concert, moins coûteux. De même, il a réduit d’une journée la diffusion du Couronnement de Poppée à Strasbourg (Bas-Rhin). Outre la hausse de ses charges, la structure est confrontée à une baisse de 2,5 % de la subvention octroyée par les Villes de Mulhouse et Strasbourg (- 200 000 euros). Enfin, l’Opéra Orchestre national Montpellier-Occitanie a reporté Scènes de Faust, de Goethe, qui devait être présenté en mai. À Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, maire et président de la métropole, a annoncé « qu’il sera proposé aux élus de voter 300 000 euros de financement métropolitain exceptionnel supplémentaire », et l’état a ajouté une enveloppe de 200 000 euros, mais le signal est fort. Le réseau est à bout de souffle.
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Par Cyrille Planson
Légende photo : Sylvie Violan, directrice de Carré-Colonnes, scène nationale de Blanquefort-Saint-Médard-en-Jalles
Crédit photo : Pierre Planchenault