Respectivement directeur du département des échanges et coopérations artistiques de l’Institut français et directeur général du Bureau Export, ils sont tous les deux à la manœuvre sur les échanges internationaux. Entretien croisé sur fond d’évolutions majeures.
La diplomatie culturelle «à la française» diffère-t-elle vraiment du soft power anglo-saxon ?
Stéphan Kutniak : La mission de diplomatie culturelle de l’état français repose d’abord sur ce maillage assez incroyable, universel, d’un réseau à la fois composé des services culture extérieurs de la France, des Instituts français et des Alliances françaises, qui ont pour vocation de diffuser la culture française, mais aussi une mission linguistique. Si le soft power, c’est arriver à positionner au mieux les forces de la France et de sa politique publique dans le monde entier sur des territoires prescripteurs, oui, évidemment, mais nous nous rapprochons de cela. La mission de l’Institut français, qui était auparavant une mission de diffusion de la culture française, est aujourd’hui complétée par des actions de repérage de territoires prescripteurs, d’accompagnement des acteurs dans leurs projections à l’international, de définition partagée avec eux des coopérations bilatérales et des axes prioritaires.
Marc Thonon : Le Bureau Export n’a pas de mission diplomatique. Notre mission est très pragmatique, au service d’une filière. Nous sommes une association initiée au départ par des producteurs de disques et par des éditeurs, rejointe ensuite par les producteurs de spectacles et les artistes. Notre intime conviction est que si vous pouvez aider des professionnels et des artistes à être remarqués, remarquables, ensuite la qualité fera que par ricochet, ils feront rayonner la France. Notre mission statutaire, c’est d’aider les artistes à se développer dans un maximum de territoires.
Y a-t-il des zones géographiques sur lesquelles vous développez prioritairement votre stratégie d’export ?
Stéphan Kutniak : L’établissement public a signé avec ces deux tutelles un contrat d’objectifs et de moyens qui cartographie et priorise son action. Il existe 39 pays prioritaires avec lesquels nous devons développer une collaboration plus accrue. Ce sont des pays prescripteurs, des pays avec de forts potentiels de développement d’activité. Ils sont émergents, les néo-émergents. Et puis ce sont aussi tous les pays avec lesquels la France a une histoire, donc essentiellement les pays issus de la francophonie. Nous n’avons pas la même approche en fonction des territoires, des différents marchés, et puis aussi en fonction de la réalité économique et de l’écosystème de chacun des pays. Parmi les émergents et néo-émergents, les zones dans lesquelles nous allons nous investir plus fortement dans cinq à dix ans sont celles qui composent l’Europe, qui est évidemment une priorité de ce quinquennat. Il y a bien sûr la Chine, les Etats-Unis, l’Amérique du Sud et puis l’Afrique, où nous revoyons nos modes de coopération avec les opérateurs.
[…] Lire La suite dans La Scène n°90 – Automne 2018.
Propos recueillis par Cyrille Planson
Crédit photo : Lucien Lung