Spectacle vivant : ces dossiers urgents qui attendent le nouveau gouvernement

    Avignon

    La filière, épuisée par des successions de crises, est sur le qui-vive à l’approche du débat budgétaire au Parlement.

    Éprouvé par les coupes budgétaires, la crise de la diffusion, ou encore la séquence législative qui a pesé sur les festivals de l’été, le spectacle vivant, attend de pied ferme le nouveau gouvernement qui tarde à venir à l’heure de notre bouclage. « Tout le monde s’attend à des politiques d’austérité, en tout les cas à ce que les financements ne bougent pas », synthétise Harold David, coprésident du Off d’Avignon, qui craint pour les compagnies qui y jouent. 
    En effet, les acteurs de la filière s’inquiètent pour le budget de la création artistique, amputé comme rarement. Dans les projets du gouvernement démissionnaire, il est toujours question de trouver 10 milliards d’euros d’économie supplémentaire. Les lettres de cadrage présentées aux ministères semblent montrer que la Culture n’a pas été mise à contribution. Mais cette réalité n’engagent ni le futur gouvernement, encore moins le Parlement. 

    Refinancement
    Mi-juillet, l’intersyndicale (Syndeac, Forces musicales, Profedim, SNSP, Synavi, FNAR et CGT- Spectacle, CFDT Culture, etc.) a déjà averti l’Assemblée nationale de ses attentes et de son exaspération « depuis 7 ans ». Et les syndicats de citer les deux accords sur l’assurance chômage des salariés intermittents du spectacle « méprisés par le gouvernement », « les négociations salariales intenables en raison d’un contexte où les budgets s’effondrent », et « une réforme des retraites au forceps qui a totalement ignoré les spécificités du secteur culturel ». Pour eux, trois incontournables : « Qu’aucune réforme de l’assurance chômage ne soit engagée [...] Une refondation des objectifs des services publics [...] le rétablissement des crédits coupés en 2024 et un abondement de 150 millions de crédits issus de la part individuelle du Pass culture. »

    Soutien aux festivals et à la ruralité
    France Festivals mise de son côté sur « la poursuite de la politique de soutien au fait festivalier », et notamment la pérennisation du financement du fonds festivals, avec un ajustement aux crises successives traversées : inflation, jeux olympiques, crise du mécénat. Par delà, résume Alexandra Bobes, sa directrice, « il faut poursuivre la réflexion pour que les politiques soient bien partagées et coordonnées entre l’État et les collectivités », afin d’aboutir à une clarification et une bonne articulation. Par exemple sur le plan Culture et ruralité, doté de 98 millions d’euros sur trois ans (2024-2027), dont personne n’a vraiment de nouvelles. « Nous avons beaucoup travaillé sur ce sujet qui a été plébiscité par une grande majorité de la profession ; il y a des préconisations qui recoupent les réalités. Les attentes sont très fortes. Sauf que la mise en œuvre peine sur le terrain ». Et ce, alors que 18 millions d’euros sont programmés sur 2024 sans conséquence à ce stade.
    Du côté purement musical, le Syndicat des musiques actuelles, inquiet de la saison festivalière (lire page 2), et qui a obtenu avec d’autres, l’année dernière, la taxe streaming, le (re)financement des SMAC), et le maintien des crédits d’impôt semble moins exigeant cette année. Toutefois, sa directrice, Aurélie Hannedouche, évoque, elle aussi, le fonds festivals : « C’était bien que le gouvernement fasse sienne la politique des festivals. Mais nous avons besoin que cela continue. Car il y a beaucoup de freins : la facturation des services de sécurité, la législation sonore, désormais le sujet météorologique qui vient compliquer les choses, et l’inflation, toujours là, qui vient durcir le problème ». 
    Autre événement impacté par les crises, notamment politiques, le Off d’Avignon, pour lequel La Scène indépendante réclame toujours depuis mi-juillet au ministère de la Culture une aide exceptionnelle de 3,5 millions d’euros. Soit 30 % de la billetterie des dix premiers jours (lire page 3) bouleversés notamment par les élections législatives. Des élections qui laisseront des traces. 

    Jérôme Vallette


    A l’Assemblée, des travaux à relancer. 
    La dissolution, le 9 juin, a emporté les travaux de la commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, qui ont débuté fin mai à l’Assemblée. Présidée par le député réélu, Erwan Balanant (MoDem), la commission avait bien débuté ses travaux mais la plupart (tous n’avaient pas été conviés) des représentants du spectacle vivant devaient être auditionnés les 10 et 11 juin. Très attendue, cette commission devait « faire un état des lieux [...], identifier les mécanismes et les défaillances [...] établir les responsabilités de chaque acteur en la matière [...], et émettre des recommandations. » Elle devrait être relancée lors de la session parlementaire qui doit débuter en octobre, à moins que le président n’en convoque une, « extraordinaire », à la demande du nouveau locataire de Matignon. 

    En partenariat avec La Lettre du spectacle n°565

    Crédit photo : Eric Deguin