Entretien avec François Besson, directeur de l’action artistique à la Sacem
Comment évolue l'action artistique et culturelle de la Sacem ?
Vous connaissez l’évolution au long cours de l’action culturelle de la Sacem : nous avons investi le numérique, développé le financement participatif, poussé le travail d’ingénierie. Nous accélérons cette phase. Parallèlement aux programmes que l’on connaît (aides à l’autoproduction, à l’écriture de musique originale, aux résidences dans la musique contemporaine et le jazz de création), nous ouvrons une entrée pour accompagner les auteurs compositeurs dans la conduite de leur projet. Ils sont de plus en plus entrepreneurs et, pour ceux qui ne le sont pas par choix, qui ne sont pas accompagnés par un producteur phono ou scénique, l’idée est d’apporter un accompagnement complet. Cela peut être de l’aide monétaire, mais aussi la mise en réseau, le conseil. Nous modifions pour cela notre organisation interne. Un bureau d’ingénierie culturelle sera officialisé en février aux côtés du service musique et spectacle vivant et du service cinéma, audiovisuel, musique à l’image.
Quelle est la situation budgétaire ?
En 2020, la collecte de copie privée a été moins mavaise que prévue. L’année 2021 est plus dure. La recette de la copie privée est en baisse de 10 % et celle liée aux irrépartissables de 13 %. Une fois pondéré, cela nous donne -11 %. Mais on augmente aussi les aides d’urgence, alors qu’on y avait mis 6 M€ l’année dernière. Nous serons à -27 % de moyens en soutien pour l’action culturelle. L'idée n'est pas de raboter toutes les aides, mais de travailler avec les autres dipositifs comme ceux du Centre national de la musique. On maintient les aides aux festivals et aux salles, mais fléchées sur des projets de création, de résidences, de valorisation de l'émergence, de repertoires sous-exposés dans les médias. L'aide aux festivals en tant que structure aura tendance à baisser parce qu'ils vont trouver des financements au CNM. Sur les festivals de diffusion on va baisser.
Les aides seront maintenues aux festivals touchés par les annulations ou reports ?
En 2020, les aides ont été maintenues à deux ou trois exceptions, dans une réaction de solidarité. Nous sommes obligés de changer de principe. Les moyens de la copie privée sont conditionnés à l'exécution des projets. Que ça soit en hybride ou en dématérialisé, il faut que le projet ait lieu. Les essais de 2020 en dématérialisé ont débouché sur des initiatives solides. Après, il ne faut pas perdre l'âme du spectacle vivant.
Propos recueillis par Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°487
Crédit photo : Jean-Baptiste Millot