Rarement adapté au théâtre du fait de la complexité de ses intrigues, surtout dans son premier tronçon, le Richard II de Shakespeare revu et visité par le directeur du théâtre des Amandiers, Christophe Rauck, a bénéficié d’un certain nombre d’innovations techniques. Avec, en premier lieu, un voile à la sombre transparence, sorte de rideau intermédiaire sur lequel sont projetés des inscriptions sous forme d’aplats numériques tout en permettant de distinguer le jeu des acteurs sur le plateau. « Nous avons mis du temps à le trouver, il permet environ 60 % d’opacité, remarque le scénographe Alain Lagarde. Grâce à lui nous avons la dualité du réel et de la vidéo. Il permet d’amener ce moment où l’on fait parler les aïeux, comme une émanation du passé, des épiphanies, jusqu’à ce que le roi Richard déchire le voile et qu’on se retrouve dans le présent. »
La vidéo est ici utilisée à double titre : elle illustre les éléments de la nature comme l’air, le vent, la mer, le brouillard, qui font partie de l’œuvre, mais a aussi un rôle dramaturgique au-delà de la technique et donne parfois un autre point de vue aux scènes, notamment dans la partie finale où le roi solitaire dérive vers sa fin dans un monologue introspectif. « Pour cela, nous avions deux caméras, une fixe à jardin, l’autre sous forme de tourelle robotisée mobile fixée sur le grill technique au dessus du plateau, détaille Etienne Guiol, chargé de la vidéo. Nous voulions parvenir à mettre en scène cette vision du roi seul, parlant à la nuée, au ciel ». Après Avignon, une série de dates à Nanterre (92) ou à Vélizy-Villacoublay (78) les 20 et 21 octobre, le spectacle sera donné le 8 novembre au Foirail à Pau.
Nicolas Mollé
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°524
Légende photo : Richard II est interprété par Micha Lescot.
Crédit photo : Géraldine Aresteanu