Entretien avec Frédéric Maurin, président du Syndicat national des scènes publiques (SNSP).
Le SNSP a publié une lettre ouverte aux candidat(e)s à la présidentielle. Quel est le sens d’un renforcement du lien État/projets de territoire ?
Les directions régionales des affaires culturelles manquent de personnel, de moyens et d’autonomie pour assurer l’ambition de la politique publique d’État. Quant aux collectivités territoriales, la question de la compétence culturelle obligatoire doit être réinterrogée. Demander à des petits communes d’avoir cette compétence culturelle obligatoire, c’est discutable. Un débat est nécessaire entre associations d’élus et syndicats de la culture.
Quelle visée a un programme de permanence artistique avec des aides à la résidence, l’implantation d’équipes artistiques, la mutualisation de tournées et un plan massif d’éducation artistique et culturelle ?
Nous devons, peut-être, aussi réfléchir au désengorgement des grandes métropoles, où il y a souvent surabondance d’équipes artistiques, vers des territoires ruraux avec de la place pour de belles aventures. Quant à l’éducation artistique et culturelle (EAC), il faut réunir en interministériel l’ensemble des acteurs qui travaillent dans le champ de l’EAC pour harmoniser efficacement cette volonté affichée depuis deux quinquennats. Nous regrettons que la pratique artistique et l’enseignement de l’histoire de l’art cessent à la fin du collège quand la personnalité des adolescents commence à s’affirmer.
Pourquoi demander de « préserver plus que jamais la liberté de programmation » des responsables de scènes publiques ?
Beaucoup de jeunes directeurs et directrices sont précaires, contractuels, en CDD. Si le maire souhaite interférer dans leur programmation, ils auront du mal à s’y opposer. Dans un grand théâtre de ville, une scène conventionnée ou labellisée, cette ingérence sera vite relayée. Il faut pérenniser emplois comme projets.
Propos recueillis par Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°512
Crédit photo : D. R.