Une journée d’étude était organisée le 20 novembre sur la programmation artistique dans les scènes subventionnées, à l’initiative du SNSP, Syndicat des scènes publiques, et de l’Université Sorbonne nouvelle UFR Arts et cultures dirigé par Olivier Thévenin. La rencontre était axée sur l’ouvrage de Catherine Pessin et François Ribac, La fabrique de la programmation culturelle (éditions La Dispute). Y participaient plusieurs doctorants et étudiants. Pour le SNSP, rappelait son président Michel Lefeivre, c’était l’occasion de faire un point sur l’état de la liberté de programmation, deux ans après la loi LCAP d’août 2016, mais aussi d’engager la réflexion sur les relations entre élus et directeurs de lieux, à quinze mois d’élections municipales. Dans leur approche sociologique du “métier” de programmateur, Catherine Pessin et François Ribac ont observé les professionnels, leur agilité à gérer les éléments de cahiers des charges, leur maîtrise du compromis entre contraintes économiques ou politiques et le modèle des scènes nationales.
«Notre propos n’est pas de déconstruire, mais que l’on puisse discuter comment on produit de l’intérêt commun», explique François Ribac. Sa consœur Catherine Pessin met le doigt sur la notion de compétence, faisant observer que les groupes de travail professionnels ne parlent pas vraiment de qualité artistique. Qu’est-ce qui fonde l’expertise du programmateur ? L’expérience et l’effort de curiosité, ont répondu les membres du SNSP invités, Cécile Marie, directrice du Théâtre Paul Eluard à Choisy-le-Roi, Frédéric Maurin, directeur de l’Hectare, à Vendôme et Alexandre Krief, directeur du Théâtre Romain Rolland, à Villejuif. Ce dernier précisait que la programmaiton n’était qu’un des volets du travail de direction. La question du pouvoir lié à la programmation a cependant été survolée. Cécile Marie soulignait que la fonction est partagée à Choisy-le-Roi.
Les universitaires ont voulu les attirer sur le sujet délicat de la participation des publics à la programmation et, au-delà, à la quête d’une assise citoyenne qui consoliderait les projets artistiques. Car les remises en question de l’indépendance artistique par de nouveaux élus sont nombreuses «de la part d’une nouvelle génération d’élus qui a perdu les valeurs fondamentales d’une politique des arts et de la culture», pointe Frédéric Maurin. Or, en cas de conflit (exemples du Blanc-Mesnil ou plus récemment de Frouard), le soutien de la population n’est guère efficace. Michel Lefeivre, au nom du syndicat, demande un nouvel effort pour que la charte entre dans les mœurs, sur la base de quelques principes : formulation du projet culturel de la Ville, évaluation du travail mené et mise en œuvre progressive de la mutation du projet artistique si cela est nécessaire.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°440
Légende photo : Une partie des participants à la rencontre de la Sorbonne
Crédit photo : D. R.