Entretien avec Pierre Lungheretti, nouveau directeur délégué de Chaillot.
Quel va être le périmètre de ce poste nouveau ?
Le périmètre est celui qui est défini dans la fiche de poste rendue publique dans l’appel à candidatures à l’automne dernier, avec spécifiquement une contribution à la stratégie globale de l’institution et au développement culturel. Il est lié à la nature du projet de Rachid Ouramdane fondé sur l’hospitalité, la diversité et une expérience élargie de l’art chorégraphique qui vise à développer l’action éducative et culturelle, l’action territoriale, une stratégie digitale innovante et l’action internationale.
Comment votre poste va-t-il s’articuler avec celui des autres responsables de Chaillot ?
C’est un poste de coordination stratégique et opérationnelle rattaché au directeur pour renforcer la dynamique transversale de l’institution, démultiplier les partenariats afin de diversifier les publics sur le plan social et générationnel, structurer des réseaux territoriaux et internationaux, innover avec les outils numériques pour diffuser à grande échelle la danse et les projets portés par Chaillot. Il s’agit également de positionner Chaillot comme un creuset et un lieu de réflexion autour d’une fabrique du lien par l’art. Je pense à titre personnel que nos institutions ont besoin d’équipes de direction complémentaires. Je pense en outre que chaque projet exige une gouvernance spécifique et qu’il est intéressant d’expérimenter des modèles différents. Je note, par ailleurs, que le schéma directeur/directeur délégué existe dans des structures de niveau national tel que le festival d’Avignon ou dans nombre de structures étrangères comme par exemple au Théâtre national Wallonie-Bruxelles.
Un poste de direction, c’est un coût non négligeable. Que va représenter le vôtre et comment est-il financé ?
Le coût de ce poste est neutre pour l’institution aussi bien pour l’année 2022 que pour les années suivantes. Il va être financé par redéploiements internes tenant compte d’évolutions structurelles de la masse salariale liés à des mouvements de personnels prévus bien avant mon arrivée.
Pourquoi ne pas avoir annoncé immédiatement que vous alliez accompagner la candidature de Rachid Ouramdane ?
Cette création de poste a fait l’objet d’un appel à candidatures ouvert. J’avais certes un lien avec Rachid Ouramdane, mais d’autres candidates et candidats ont pu faire valoir leurs qualités et leurs motivations.
Pourquoi, selon vous, les tutelles nomment des artistes à la tête d’institutions culturelles qui exigent une disponibilité totale alors qu’artiste est un travail à plein temps ?
Il me parait extrêmement important d’avoir des artistes à la tête des institutions culturelles, qui plus est pour des institutions nationales. C’est d’ailleurs le cas pour les quatre autres théâtres nationaux que sont la Comédie Française, la Colline, l’Odéon et le TNS. C’est aussi le cas dans les centres chorégraphiques nationaux et les centres dramatiques nationaux. Les artistes apportent une pensée originale sur le pilotage de ces institutions, une incarnation forte, une sensibilité liée à leur propre démarche artistique et à une connaissance intime de l’art et de la création.
Propos recueillis par Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°507
Crédit photo : D. R.