DRAC Île-de-France et président de l’Association nationale des DRAC, Laurent Roturier rassure sur le maintien des crédits sur 2024 et défend l’action soutenue de la déconcentration culturelle.
Comment les DRAC vivent-ils ce surcroît d’activité depuis 5 ans ?
45 ans après la création des DRAC, la déconcentration est à l’œuvre dans un souhait de rapprocher l’État des territoires. C’est vrai, le travail en DRAC est extrêmement soutenu. Bien sûr, la question de l’adéquation des moyens et des missions se pose toujours, mais je constate que l’engagement des équipes est significatif. On n’entre pas en DRAC par hasard. Comme j’ai eu l’occasion de le dire à différents ministres, il y a parfois un engagement qui peut être déraisonnable. Un agent en DRAC passe la moitié de son temps sur le terrain. La notion de contact est importante et la création de grandes régions a augmenté cette charge. Mais le ministère a évolué. Avec l’association des DRAC, nous avions réfléchi et plaidé pour des directions transversales matricielles. En 2020, il y a eu ainsi la création de la Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle. Cette organisation est une force pour engager des actions adaptées aux territoires.
Des difficultés de recrutement ?
C’est paradoxal, car le ministère porte des valeurs fortes, mais oui, on a constaté des difficultés de recrutement. Il y a, d’une part, la question de l’attractivité de la fonction publique, en général. Pour la génération d’aujourd’hui, le concours est un repoussoir. On a aussi des métiers qui connaissent de fortes tensions, notamment dans le patrimoine, sur des fonctions d’ingénieurs, de techniciens. Dans le spectacle vivant, on a eu des questions d’un vivier issu de concours insuffisamment important pour des postes de conseillers. Nos métiers ont aussi de fortes contraintes en raison des temps de déplacement, du travail en soirée, face aux aspirations d’un meilleur équilibre de vie. Il faut s’adapter et y répondre par le sens de notre travail.
Comment jugez-vous les relations avec les collectivités ?
Ces rapports se sont beaucoup développés ces dernières années, avec la question du bon échelon. Où est-on pertinent pour aller contractualiser avec les collectivités ? Deux échelons sont montés en puissance. Les intercommunalités, notamment en milieu rural, ont souvent pris la compétence culturelle, c’est-à-dire la gestion des équipements culturels et sportifs. C’est assez pertinent. L’autre échelon est celui des départements sur milieu rural qui travaillent de façon assidue sur la lecture publique.
Quel sera l’impact des mesures d’économies sur les crédits à la création des DRAC ?
La ministre a annoncé qu’il n’y aurait pas de diminution budgétaire sur 2024, notamment dans le spectacle vivant. Les économies sont faites sur la réserve de précaution. Il peut y avoir, à la marge, quelques opérations décalées sur le champ du patrimoine. Mais il faut voir que nous ne sommes plus dans la période du plan de relance. On a eu la chance d’avoir des crédits exceptionnels. Ils ont permis de maintenir à flot le monde culturel, d’où l’intérêt de la concertation avec les collectivités.
Propos recueillis par Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°558
Légende photo : Laurent Roturier
Crédit photo : D. R.