Le licenciement de deux anciens salariés des Plateaux sauvages, établissement culturel parisien, avait été sanctionné en nullité en appel un peu avant l’été. Suite à une décision en leur faveur, Nathan Malka et Laura Baqué ont interpellé dans un communiqué Anne Hidalgo, la maire de Paris (désormais candidate à la présidence de la République), en lui demandant d’afficher « publiquement et fermement son désaccord avec les propos tenus au sein d’un établissement sous sa tutelle », de « prendre les mesures nécessaires pour sanctionner Les Plateaux sauvages, en dénonçant le partenariat qui lie la Ville à cette association et en écartant Laëtitia Guédon de la direction de l’établissement ».
Pour Les Plateaux sauvages, il s’agit de nouvelles indemnités importantes à verser : 12 000 euros pour Nathan Malka, 15 000 euros pour Laura Baqué, pour les montants les plus élevés. « Avec mon conseil d’administration, j’ai choisi d’aller de l’avant et de ne pas poursuivre en cassation », remarque la directrice Laëtitia Guédon. « Il faudrait engager des sommes supplémentaires pour retourner en justice, la Cassation ne statuant pas sur le fond », ajoute Marie-Claire Bousquet, présidente de l’association. « De mon point de vue, pour statuer sur des déclarations antisémites et racistes, il aurait fallu s’adresser au pénal et non aux prud’hommes. Mais nous entérinons ce jugement même si il nous a beaucoup surpris. » Frédéric Hocquard, membre du conseil d’administration, complète : « Laëtitia Guédon a dû gérer la fusion de deux structures, des travaux, sa fermeture par la préfecture, ce conflit du travail puis le confinement, je crois qu’elle a droit à un peu de sérénité pour appréhender sa première véritable saison ».
Les propos litigieux de Laëtitia Guédon n’étaient pas mentionnés dans un courrier inaugural envoyé à la Direccte ni étayés dans le premier jugement. Mais l’arrêt de la Cour d’Appel de Paris s’est depuis basé sur les attestations circonstanciées de trois salariés ayant assisté à la « réunion de recadrage » du 4 septembre 2017. C’est au cours de cette dernière que Nathan Malka et Laura Baqué avaient décidé de quitter l’assemblée en manifestant leur mécontentement, ce qui avait abouti plus tard à leur licenciement. Le fait que Laëtitia Guédon déclare, s’agissant de Nathan Malka : « Il porte tout le poids de l’esclavagisme et de la Shoah sur le visage » a été considéré par le tribunal comme « attentatoire à la dignité de la personne ». Et a abouti, in fine, à considérer le licenciement comme nul.
Nicolas Mollé
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°500
Légende photo : Laëtitia Guédon
Crédit photo : Baptiste Muzard