Rachida Dati parlait, le 14 janvier, de « relancer les maisons de jeunes et de la culture ». Patrick Chenu, directeur général de MJC France, attend surtout une reconnaissance au niveau local.
Où en êtes-vous avec le ministère de la Culture ?
Les choses commencent juste à se poser du point de vue opérationnel. On a rendez-vous la semaine prochaine avec les réseaux d’éducation populaire. On attend un rendez-vous avec la ministre, on va travailler de façon fine avec la délégation de Noël Corbin (Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle). Ce qui est intéressant dans les propos de la ministre et qui fait écho à son parcours personnel, c’est la capacité des MJC à infléchir les parcours de vie, à créer du lien. La singularité des MJC, c’est d’articuler démocratisation culturelle, d’être des lieux de pratique dans un lien régulier, et d’être des lieux de création et de diffusion.
Qu’attendez-vous du ministère, des financements ?
On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche, surtout dans cette période très compliquée. Les finances se sont fortement dégradées avec la crise. Historiquement, la MJC, c’est Jeunesse et Sport, mais c’est surtout le bloc communal, et beaucoup de financements en propre à travers les cotisations et les recettes d’activités. En gros, le rapport est de 60 % d’autofinancement pour 40 % de subventions publiques. On a des financements Fonjep sur les postes, mais un Fonjep c’est moins de 15 % d’un salaire moyen chargé pour les personnes qui en bénéficient. Quelques lieux sont labellisés par le ministère de la Culture. Il y a deux scènes de musiques actuelles, à Rennes (Ille-et-Vilaine) et Verdun (Meuse) et il y a des partenariats au niveau régional, comme en Aquitaine et Bourgogne via le dispositif Passeurs d’images.
Vous souhaitez une meilleure écoute des DRAC ?
Oui. Vous avez, par exemple, une MJC en Côte-d’Or qui bénéficie d’un soutien de la DRAC sur une création commune avec des jeunes et une réalisatrice. Mais, finalement, le soutien du ministère de la Culture fonctionne très bien au biveau de la tête de réseau national et des services du ministère, alors que le soutien est marginal au niveau des associations locales.
Ce schisme historique entre éducation populaire et culture rend les choses compliquées. Il y a un enjeu de moyens et de reconnaissance. Notre différence, c’est que le travail culturel est pour nous un moyen de mobiliser les gens et de les impliquer.
Notre premier objet est d’être des lieux d’éducation à la citoyenneté par la pratique. Nous attendons de l’écoute au niveau des DRAC. En cette époque de fractures, l’éducation populaire est un endroit où des gens de sensibilités, de cultures, d’opinions, de religions différentes travaillent ensemble à un projet commun.
Propos recueillis par Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°554
Légende photo : Patrick Chenu
Crédit photo : D. R.