Franck Riester a confirmé dans une interview au Journal du Dimanche (3 décembre) que l’expérimentation du pass culture, prévue pour novembre 2018, débutera en février 2019 auprès de 10 000 jeunes de 5 départements. Alors qu’était envisagée une extension progressive à 200 000 jeunes au cours de l’année 2019, l’objectif est désormais d’atteindre les 50 000 jeunes avec une deuxième vague qui ouvrirait à l’été 2019. Et il se refuse à fixer une date pour la généralisation de l’offre à l’ensemble de la classe d’âge : «L’année 2021 était pressentie pour la généralisation après la montée en puissance progressive par vagues de l’expérimentation. Mais je ne veux pas fixer de date.» Parmi les éléments nouveaux annoncés par le ministre, la possibilité de financer des abonnements presse avec le crédit de 500 euros et sa volonté d’éditorialiser les contenus sur l’application du pass culture, par exemple en valorisant les films d’auteurs. Jusqu’ici, les concepteurs de l’application ne prévoyaient pas d’éditorialisation en dehors des éléments saisis par les producteurs des spectacles eux-mêmes.
Le Sénat vigilant sur l’évaluation
«L’une des craintes actuelles est que le pass culture ne puisse, au final, renforcer les inégalités territoriales entre les jeunes citadins et ceux qui vivent au contraire dans les zones rurales ou dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, alerte la sénatrice Sylvie Robert (PS). C’est d’ailleurs ce qui rend les questions de médiation et de mobilité si aiguës : sans une réponse appropriée à ces questions et une forte association des acteurs non-culturels, à l’instar de la SNCF ou des sites d’offres de covoiturage, le pass ne pourra pas être un véritable levier pour améliorer l’accès à la culture des jeunes qui en sont les plus éloignés.» Sylvie Robert émet ce commentaire dans son rapport sur les crédits à la culture du budget 2019.
Elle observe qu’un quart des crédits pour l’éducation artistique et culturelle (EAC) sont dédiés au pass culture (voir camembert ci-contre). Elle fait aussi observer que les indicateurs de performance retenus pour mesurer l’impact de l’EAC en matière d’accès à la culture «ne rendent pas correctement compte de la situation». Un même enfant peut être comptabilisé à plusieurs reprises et aucun indicateur ne permet de mesurer le nombre de conventions signées avec les collectivités territoriales en matière d’EAC. En ce qui concerne l’évaluation, la sénatrice appelle à une grande vigilance pour l’expérimentation du pass culture : «La qualité des organismes qui en seront chargés sera, à ce titre, déterminante», insiste-t-elle.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°440
Source : Commission de la culture, de l’éducation et de la communication