Les architectes Nieto Sobejano et Marin + Trottin ont publié les premières images du futur site Berthier dans le 17e arrondissement qui accueillera le Conservatoire national supérieur d’art dramatique et les salles de spectacle de l’Odéon et de la Comédie-Française. Le projet avait été annoncé par François Hollande en 2016. L’objectif est désormais une livraison fin 2025 ou début 2026.
Une volonté politique
La confirmation de ce grand investissement est un geste politique. Certains y verront une forte ambition forte, la volonté d’engager des moyens dans la création dramatique et la formation. La Comédie-Française attend depuis longtemps un équipement adapté aux formes contemporaines. Le Conservatoire ne tient plus dans ses locaux actuels. Les autres seront choqués de voir l’état promettre 70 millions d’euros pour construire des salles de théâtre dans une capitale déjà suréquipée, quand le ministère de la Culture est accusé de privilégier Paris aux dépens des régions. La pilule des 80 millions d’euros d’aide exceptionnelle à l’Opéra de Paris était déjà dure à avaler. La Cité du théâtre leur apparaîtra comme un de ces grands projets du « monde d’avant », renforçant encore les grandes institutions.
La Cité du théâtre s’étendra sur 22 000 mètres carrés. Le projet s’appuie sur les bâtiments existants des Ateliers Berthier, construits par Charles Garnier en 1895 et classés aux Monuments historiques. La halle principale deviendra le parvis d’accueil du public avec billetterie, restauration, salles de médiation et un centre de ressources central. Il donnera accès aux 6 salles aménagées dans ou sous les bâtiments situés à « cour et jardin » : celles de la Comédie-Française (250 et 600 places), celles du Théâtre national de I’Odéon (250 et 500 places) et celles du conservatoire (100 et 200 places). à l’arrière, tout le long des cinq constructions « Garnier » s’étendra un jardin surélevé bordé d’un bâtiment long de 200 mètres et légèrement incurvé, haut de 4 à 5 étages. Baptisé le « Lointain », il hébergera les salles de cours du conservatoire et les bureaux des théâtres. Sa façade sera végétalisée avec une production de houblon. Au-dessous du jardin seront aménagées les voies de circulation du public, les accès techniques aux scènes.
Budget à 86 M€
Le projet est porté en maîtrise d’ouvrage par un groupement d’intérêt public (GIP), dirigé par Adrien Petit, qui réunit les quatre partenaires : état, Odéon, Comédie-Française et CNASD. Un démarrage des travaux est espéré à la fin 2021. Pendant le chantier l’Odéon continuera à y exploiter ses Ateliers Berthier. Pendant cette première phase l’Opéra de Paris doit libérer les locaux qu’il occupe sur le site et la construction du Lointain débutera. Alors que la phase d’avant-projet sommaire n’est pas terminée, le budget reste calé sur le chiffre initial de 86 millions d’euros dont 56 M€ de travaux.
Un chiffre qui paraît léger au regard des derniers grands théâtres livrés en France ou de la Philharmonie de Paris. 70 M€ seront financés par l’état et 16 M€ en ressources propres par le GIP, l’essentiel venant du mécénat qui devra être récolté par les trois institutions et par la revente des locaux actuels du conservatoire (sauf la salle à l’italienne historique). Ce GIP est aussi chargé de l’exploitation générale du bâtiment et de son entretien en fonctionnement (sécurité, nettoyage, etc.), mais il ne s’occupera pas du volet artistique.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°481
Légende photo : Les Ateliers Berthier adossés à un nouveau bâtiment à façade végétalisée
Crédit photo : D. R.