Organisation d’une France Music Week : une fausse bonne idée ?

    Wu-Lu

    Annoncée en 2024 par Emmanuel Macron lors de la Fête de la Musique, l’idée d’une France Music Week prend-t-elle forme ou est-elle irréalisable ? 

    Prenant modèle sur la Paris Fashion Week et le festival américain South by Southwest, « une semaine de rencontres professionnelles et de manifestations populaires, festives et musicales » aurait lieu du 16 au 21 juin 2025, selon les termes d’un appel d’offres publié le 28 janvier. Ceci afin de « replacer la France sur la carte de la musique mondiale », de valoriser sa création artistique et son savoir-faire.

    Grand concert et rendez-vous business
    Un grand concert de lancement ouvrira cette semaine au musée d’Orsay ou sous la pyramide du Louvre, avant deux jours de rencontres professionnelles et de showcases (« International Exchange Days »), une journée dédiée aux nouvelles technologies et aux « champions français » (« Music Innovation & Tech Day »). Le Château de Villers-Cotterêts accueillerait un projet de cocréation internationale tandis qu’une trentaine d’événements musicaux seraient labellisées dans toute la France. Un « sommet de haut niveau » réunirait les grands décideurs français et internationaux de la musique avec le président de la République autour des enjeux de la filière, clôturé par une « session musicale exclusive d’un artiste de renom », au château de Versailles. 

    L’accueil mesuré de la filière musicale
    La réponse à l’appel d’offres pour l’organisation de cette France Music Week a été fixée… au 14 février. Le Centre national de la musique (CNM) est missionné pour organiser cet événement, Corinne Sadki (Directrice des affaires européennes et du développement International) en est la coordonnatrice. Le budget est de un à deux millions d’euros. 
    À l’heure des restrictions budgétaires, les syndicats ne se sont guère émus. Malika Séguineau, directrice générale d’Ekhoscènes, syndicat des entrepreneurs du spectacle vivant privé, estime : « Un événement qui met à l’honneur la filière est toujours positif et intéressant. Nous serons donc mobilisés pour rendre cela possible. » Pour Aurélie Hannedouche, directrice générale du Syndicat des musiques actuelles, « si Emmanuel Macron a de l’ambition pour la filière musicale, très bien. Attention à ce que ce ne soit pas qu’un événement parisien ou réservé à certains répertoires. » Angelo Gopee, directeur général de Live Nation France, qui organise désormais le Midem, n’y voit pas une concurrence, « car le Midem est un salon professionnel », et il ne répondra pas à l’ensemble de l’appel d’offres. Fernando Ladeiro-Marques, directeur du festival et salon professionnel MaMA, est, lui, dubitatif : « Je ne vois pas qui pourrait répondre vus les délais. C’est une décision personnelle d’Emmanuel Macron qui n’emballe pas vraiment le ministère de la Culture ou le CNM. […] La période est mal choisie car les artistes et les professionnels sont en tournée et en festival, c’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y pas de rendez-vous pros internationaux l’été. Et cela risque de tuer la Fête de la musique. »

    Nicolas Dambre

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°576

    Légende photo : Wu-Lu

    Crédit photo : Eric Deguin