L’universitaire pointe la dépolitisation de la politique culturelle et la rupture entre le théâtre et les « élites ». La culture n’occuperait plus la même position « symbolique » dans la société.
Dans un entretien au Monde, vous parlez d’une indifférence de « l’élite » pour le théâtre.
De quelle élite parlez-vous ?
Je n’ai pas fait d’enquête approfondie sur les « élites » et ne suis pas tout à fait certain de savoir ce qu’elles désignent précisément, ni même de trouver le terme adéquat. Disons, en l’occurrence, que j’entendais par élite la partie dominante de la classe dominante. Il faut tout de même préciser le caractère circonstanciel de cette affirmation. Le Monde a choisi de titrer sur ce point, qui n’est que marginal dans l’entretien. Je répondais à une question, en regard d’un paragraphe du livre Contre le théâtre politique dans lequel sont cités le sociologue Emmanuel Ethis et Olivier Py. Les deux constatent la désaffection des « élites » du Festival d’Avignon. Je crois, en effet, qu’il est possible de vérifier, empiriquement, qu’à la tête de l’état, du patronat, du haut-fonctionnariat, de l’oligarchie politique et financière, des grandes écoles, la question culturelle n’est plus un marqueur ni une instance de distinction comme elle a pu l’être auparavant : le théâtre n’occupe plus la même position symbolique.
Quels sont les ressorts de cette rupture ?
On en est réduit à des hypothèses. Parmi celles-ci : la modification des formes du capitalisme ces dernières décennies et du rôle escompté de l’état. Ce dernier est tout à fait subordonné aux intérêts de la finance.
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Propos recueillis par Cyrille Planson
Crédit photo : Vincent Arbelet