Les députés Emilie Cariou et Pascal Bois ont présenté, fin août, un “point d’étape”, à Matignon sur la préfiguration du Centre national de la musique qui remplacera le CNV (Centre national de la chanson, des variétés et du jazz). «Nous avons eu un bon retour sur la manière dont nous réorganisons les missions, entre ce qui reste dans la sphère publique et ce qui relèvera du CNM, explique Emilie Cariou. La ligne de démarcation que nous traçons, c'est qu'il aura vocation à s'occuper d'acteurs privés, y compris ceux qui bénéficient de subventions.» Lors d’une réunion aux Francofolies de la Rochelle, en juillet, les organisations professionnelles se sont accordées sur les missions de gestion des aides économiques, d’observation, de ressource. Le consensus est moins solide sur la formation et il s’étiole sur l’éducation artistique et culturelle (EAC). Plusieurs organisations ont rappelé que le CNM s’entendait dans la perspective d’une «politique publique forte pour la musique portée par le ministère de la Culture» et ont mis en garde sur l’ambiguïté de confier des missions d’EAC au CNM.
«Nous leur disons que c’est du plus, eux ils voient du moins, répond Emilie Cariou. S'ils considèrent, au niveau des musiques savantes, que l'EAC est au top, ils se trompent. Le réseau des conservatoires est loin de répondre à tous les besoins.» Elle juge intéressante la proposition de l’Adami de reverser au CNM sa part de crédits à l’action culturelle dédiée à l’EAC. La perspective d’augmenter de 20 à 25 millions d’euros le budget du CNM par rapport à l’actuel CNV avait suscité un courrier de l’Union des syndicats d’employeurs du spectacle vivant public (USEP-SV) au Premier ministre, en juillet : «Un effort public de 25 millions d'euros concentrés sur cet outil, alors que le ministère de la Culture peine à consolider son action sur des missions essentielles, est difficilement acceptable pour nous», écrivait la fédération. Emilie Cariou rétorque que rien n’est encore décidé et que l’augmentaion budgétaire peut être progressive, ne nécessitant pas d’arbitrage budgétaire urgent. «Nous avons proposé un financement par une taxe. Ce n'est pas prendre aux uns pour donner aux autres.» Ce pourrait être une part de recette de la taxe sur les opérateurs de télécommunication électronique (TOCE).
Chez les supporteurs du CNM, ce sont les flottements au ministère qui inquiètent : «Françoise Nyssen a inscrit le CNM dans une notion d’intérêt général, en incluant la diversité culturelle», rappelle Aurélie Hannedouche, déléguée du SMA. Deux conseillers du cabinet qui ont suivi le dossier, Pierre-Emmanuel Lecerf et Claire Guillemain, sont en partance. Luc Gaurichon, président du Prodiss, expose : «Notre secteur et le CNM ne semblent pas une urgence pour le ministère, d’autant qu’il y a eu vacance à la DGCA. Nous avons rencontré de nombreux parlementaires pour leur expliquer le projet de CNM. Beaucoup ne maîtrisent pas ce sujet. Françoise Nyssen a toujours soutenu le CNM». La concertation se poursuit sur la gouvernance jusqu’à mi-octobre.
Yves Perennou et Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°433
Légende photo : Lo’Jo au VIP de Saint-Nazaire
Crédit photo : Eric Deguin