Comme le fait observer Aurélie Hannedouche, déléguée du Syndicat des musiques actuelles, la crise bouleverse toutes les activités des scènes : « Les concerts bien sûr, mais aussi les résidences, les actions culturelles et les formations qu’il est impossible de reporter. » Arnaud Monnier, directeur de la SMAC EMB Sannois, au nord de Paris, détaille : « Notre première activité est la résidence de création, avec 45 groupes qui occupent notre salle 200 jours par an. Les résidences décalées à la rentrée prendront la place de nouveaux projets, tout comme les concerts prévus à l’issue de ces résidences. »
Impact mondial
Julien Catala, directeur de la société de production Super !, commente : « Les artistes américains que je fais tourner en France ont tous annulé leurs tournées européennes avant même les restrictions françaises. Nous tentons de caler des dates de septembre à décembre, mais certains ont aussi déplacé leur tournée américaine suite au report du festival Coachella d’avril à octobre. » Son entreprise, qui emploie 17 personnes, est passée au télétravail, les activités de production et communication pourraient être au chômage partiel. Celles de booking sont en surchauffe.
Billetteries mises à mal
Les réseaux de distribution de billets sont en effervescence pour informer des annulations ou des reports et rembourser les spectateurs. Les producteurs doivent négocier le prélèvement appliqué sur chaque billet vendu pour en récupérer tout ou partie. « Les frais de réservation sont remboursés ou non selon les conditions générales des ventes de chaque distributeur. Les réseaux de billetterie vont connaître des problèmes de trésorerie avec l’arrêt des achats de places », juge Eddy Aubin, président de MyOpenTickets.
Festivals : lourdes pertes
Parmi les premiers festivals annulés, Chorus (Hauts-de-Seine) ou Tomorrowland Winter (à l’Alpe d’Huez). Ce dernier avait déjà monté les scènes, les barrières et les énormes décors. Près de 20 000 personnes avaient acheté leur billet et réservé forfaits de ski et hébergements. Olivier Jacquet, directeur du festival Avec le temps, à Marseille, chiffre à environ 85 000 euros ses pertes, pour un budget de 350 000 euros. À Morlaix, le festival Panoramas devait se tenir du 10 au 12 avril. Son directeur, Eddy Pierres, réagit : « Le report est inimaginable. Resélectionner 40 artistes et trouver une date à l’approche de l’été, c’est impossible. » Les collectivités se sont engagées à ne pas annuler les subventions votées. Mais les quelque 200 intermittents du spectacle prévus n’ont aucune garantie, sauf ceux qui avaient déjà signé un contrat.
Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°468
Légende photo : Le report du festival Coachella, aux états-Unis, impacte les tournées en Europe
Crédit photo : D. R.