Le ministère de la Culture constitue, avec la Caisse des dépôts (Banques des territoires), la société anonyme simplifiée (SAS) Pass Culture à qui il confie la gestion du service public du Pass culture. Annoncée par le ministère le 22 juillet, la SAS a été inscrite au registre du commerce le 22 août et le président de la République en a nommé le premier président, Damien Cuier. Haut fonctionnaire, il a dirigé des sociétés audiovisuelles (France Télévisions, Numéro 23). Cette SAS est chargée de déployer le Pass culture, référencer et mettre en valeur les offres et gérer les comptes des bénéficiaires. Damien Cuier précise : « La société va animer le réseau, favoriser le recrutement des jeunes bénéficiaires, le recrutement et la fidélisation des offreurs. L’objectif est de conduire les jeunes à découvrir des pratiques culturelles pendant l’année de leurs 18 ans et de continuer le parcours avec eux, mais aussi d’accompagner les offreurs dans la conquête de public. »
Eric Garandeau est directeur général de cette société qui s’occupera aussi des remboursements aux offreurs. Elle démarre avec 1 million d’euros de fonds propres abondés à 70% par l’état et 30% par la Banque des territoires. Une subvention du ministère de la Culture lui sera octroyée dans la prochaine loi de finances. En 2019, le montant pour le Pass culture par le ministère est de 32 millions d’euros. L’usage de cette somme ne manquera pas d’être débattu par les parlementaires à partir d’octobre. Le ministère a annoncé pour la fin octobre la publication d’un bilan de l’expérimentation en cours depuis le 1er février. La SAS reprendra du personnel qui travaillait sur le Pass et en recrutera d’autres, prévoit Damien Cuier qui s’inscrit dans une montée en puissance et va chercher des financements complémentaires via le mécénat et des partenariats.
Un comité stratégique a été nommé, présidé par Isabelle Giordano, sans représentant des réseaux de la décentralisation culturelle. Interrogé sur ses motivations, Damien Cuier répond : « C’est hyper-enthousiasmant, l’idée d’une politique publique exercée de cette manière : mettre jeunes et offreurs sur un pied d’égalité, rendre possible l’accès à la culture d’un public éloigné et le conduire à des parcours plus riches. C’est aussi essayer autre chose, parler aux jeunes avec leur langage et leur moyen d’accès au monde. » Un enthousiasme non partagé par ceux qui considérent le Pass culture avant tout comme un effet d’aubaine pour les industries culturelles.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°455
Crédit photo : Ministère de la Culture