En quelques semaines, les témoignages ont afflué et la parole s’est libérée. Mais il reste à réformer profondément les institutions théâtrales.
En quelque 24 heures, près de 3 000 témoignages ont fait écho au #MeTooTheatre lancé spontanément par Marie Coquille-Chambel et quelques autres lanceuses d’alerte sur Twitter, à la mi-octobre. Quelques jours plus tard, ils étaient 6 000 et 1 450 personnalités du monde de la Culture cosignaient dans Libération un appel à agir contre « un système de cooptation et d'entraide masculine », à l’origine de l'état de soumission dans lequel seraient maintenues les comédiennes. Parmi les signataires, Rokhaya Diallo, David Bobée, Alice Coffin, Adèle Haenel, Julie Gayet, Marina Hands... Quelques semaines après le lancement de ce mouvement, Marie Coquille-Chambel se félicite du chemin accompli. « On ne s’attendait vraiment pas à cela. Nous avons ouvert une brèche et là, nous avons vu que beaucoup de femmes se sentaient suffisamment libérées pour pouvoir s’y engouffrer », remarque l’instigatrice de ce #MeTooTheatre. Pour autant, elle ne cache pas avoir fait l’objet de « réactions violentes ». « Entre femmes, on sait ce qu’il se passe, on en parle entre nous. Là, certains hommes ont été surpris, inquiets de “noms” qui pourraient sortir, alors que ce n’était pas du tout notre objectif. Il y a une peur car ce mouvement, par ce qu’il révèle, remet en cause tout un système professionnel très puissant. » Au rang des satisfactions, elle range des « actes forts », comme la déprogrammation d’un spectacle de Michel Dydim par le Théâtre des Célestins « et l’invitation à débattre qui nous a été faite par celui-ci », la prise de position du Théâtre 14 « qui témoigne du changement de génération » ou encore les nombreux encouragements reçus.
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Par Cyrille Planson
Légende photo : Marie Coquille-Chambel, membre du collectif #MeTooTheatre.
Crédit photo : D. R.