Après 25 années d’antenne, Tracks a tiré sa révérence sur Arte France le 17 février. Dédiée aux mouvements culturels souterrains, l’émission était produite par Program 33. Onze salariés en CDI ont été licenciés, auxquels s’ajoutent trois intermittents, collaborateurs réguliers. La chaîne franco-allemande avait commandé en septembre le pilote d’une nouvelle formule, avant d’annoncer l’arrêt de Tracks fin décembre, sans trop d’explications. Le diffuseur réfléchirait à un nouveau rendez-vous.
Justine Gourichon, journaliste à la rédaction de Tracks depuis 13 ans, confie : « De nombreux professionnels de la culture se nourrissaient de cette émission, notre équipe a une expertise à mettre au service du public et de ces professionnels. » C’est pourquoi l’équipe licenciée s’est constituée en un collectif intitulé Spark, « agence de voyages dans le futur ». Elle vise à produire des contenus, à leur trouver des diffuseurs, mais aussi créer des événements ou des festivals. « Nous sollicitons des lieux pour y coproduire des expositions ou des festivals, nous souhaitons aussi créer des événements ayant vocation à être filmés. Nous sommes opérationnels quant à l’éditorial et à la production. Il ne nous manque que l’écrin », livre Justine Gourichon.
Lors du dernier Festival d’Avignon, Tracks avait par exemple réalisé, avec l’Adami, une troisième Nuit Immersive, soirée de performances et de déambulations. L’antenne allemande d’Arte continue de diffuser Tracks East, ici conçue à destination de l’Europe de l’Est. Un producteur allemand et un producteur français produisaient auparavant alternativement l’émission. Lancée en 1997, Tracks avait dès 2015 proposé ses archives en ligne et investi les réseaux sociaux. En 25 ans, le développement de ces derniers, de Youtube ou des chaînes de la TNT, a bouleversé la médiatisation des contre-cultures.
Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°534
Légende photo : Feue l’identité visuelle de Tracks.
Crédit photo : D. R.