Interview de Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture de la Ville de Marseille.
Dans son programme, le Printemps Marseillais souhaitait « augmenter immédiatement de 50 % l’enveloppe des subventions culturelles de la Ville, puis de 10 % par an ». Le ferez-vous ?
En effet, de 27 millions d’euros nous passerons à 54 en fin de mandat. Nous avons constaté que les subventions culturelles étaient particulièrement basses à Marseille, la chambre régionale des comptes le souligne également. Nous souhaitons rééquilibrer les subventions sur le territoire et entre les disciplines, mais aussi vers de jeunes lieux ou vers des artistes femmes. Pour autant, il ne s’agira pas de baisser les subventions plus importantes, nous travaillons à redéfinir les critères d’attribution. Aucun arbitrage n’est encore effectué concernant le budget 2021. Des Assises de la culture réuniront chaque mois les acteurs culturels afin de définir une grande politique culturelle pour le printemps 2021.
Quelles sont vos ambitions en matière d’équipements ?
Le drame de la rue d’Aubagne a montré l’état de certains bâtiments, plusieurs lieux culturels sont vétustes. Un plan pluriannuel d’investissement sera lancé. Le Théâtre du Gymnase doit rénover ses balcons, le Théâtre de l’Odéon subit des fuites, des salles de concerts comme l’Espace Julien doivent être insonorisées… Nous souhaitons également créer une Maison des cultures dans chacun des 16 arrondissements de la ville. Par ailleurs, la culture hip-hop est très active à Marseille mais a été trop longtemps méprisée. Nous allons être à l’écoute de ses acteurs et développer une maison ou plusieurs lieux d’ancrage dans des lieux existants, sans trop institutionnaliser cette culture. Enfin, il y a trop peu de résidences d’artistes à Marseille. Nous avons identifié des équipements municipaux laissés en friche depuis parfois dix ans qui pourraient être utilisés.
Pourquoi souhaitez-vous que l’opéra municipal devienne national ?
Parce que Marseille est la seule ville de plus de 300 000 habitants à financer seule son opéra. Un audit sera mené concernant cet établissement et le théâtre municipal de l’Odéon. Le seul opéra art déco de France doit rayonner et diversifier son public. Il est également nécessaire que la deuxième ville de France se dote d’un auditorium en cœur de ville, par exemple au Parc Chanot [parc des expositions, NDLR].
La question des transports et de la mobilité semble centrale pour les acteurs culturels…
Le premier obstacle à l’accès à l’emploi, ce sont les transports, je pense qu’il en est de même pour l’accès à la culture. Marseille est au début du XXe siècle en matière de transports collectifs. Nous avons une ambition écologique qui implique la baisse de l’utilisation de la voiture. Mais les transports sont une compétence de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
Propos recueillis par Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°482
Crédit photo : D. R.