Au moment où un lieu consacré à la marionnette cesse son activité de diffusion – La Fabrique à Meung-sur-Loire – les DRAC ont adressé des lettres de cadrage aux quatre scènes conventionnées repérées comme « centre national de la marionnette en préparation ». L’Espace Jéliote à Oloron-Sainte-Marie (64), le Théâtre de Laval (53), le Sablier à Ifs (14), et l’Hectare, à Vendôme (41), recevront dès 2020 un complément de subventions, fléché sur la création, pour les amener graduellement au plancher de 150 000 euros négocié avec les organisations professionnelles des arts de la marionnette. Globalement, le secteur accueille favorablement ce progrès. Brigitte Bertrand, codirectrice du Sablier, se « réjouit » pour les compagnies, dont le « champ d’expression » est reconnu, et espère la fin d’une forme de « mépris » pour cet art. Isabelle Bertola, directrice du Mouffetard - TMP (Paris) et coprésidente de Latitude Marionnette, salue la « reconnaissance du travail des artistes » et une « avancée nécessaire » qui « doit encore bénéficier à d’autres lieux ». Pierre Jamet, directeur du Théâtre de Laval, souligne que la marionnette demande d’importants moyens en production, ce qui rend le label « particulièrement pertinent ».
La répartition des lieux fait tout de même débat, en raison de leur localisation à l’Ouest. En outre, des lieux reconnus dans le secteur n’ont pas pu candidater, puisque cette première vague de labellisation a été réservée à des scènes conventionnées. Jean-Paul Lang du Théâtre de marionnettes de Belfort indique qu’atteindre les critères aurait été trop difficile pour sa structure. Aucune confirmation officielle n’est venue pour les lieux-compagnonnage (LCMC). « Reste à savoir comment les artistes qui [les] dirigent seront accompagnés eux aussi », se demande Jackie Challa, directrice de l’Espace Jéliote. Sylvie Baillon, directrice du Tas de Sable (Rivery) et ancienne présidente de Themaa, relève que la « notion d’accompagnement à la structuration » reste à préciser. Serge Boulier, directeur du Bouffou Théâtre à la Coque (Hennebont), rappelle la complémentarité des LCMC avec les scènes et appelle à un traitement paritaire dans la création et le fonctionnement des CNM, tout en soulignant la modicité des moyens mis en œuvre. Brigitte Bertrand résume le sentiment d’ensemble grâce à la ténacité collective, « l’utopie peut devenir réalité. »
Mathieu Dochtermann
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°466
Légende photo : Les Anges au plafond (ici White Dog) annoncés en création au Théâtre de Laval en avril
Crédit photo : Vincent Muteau