Renforcer les moyens de création, replacer la part artistique du budget au centre, arrêter d’opposer les crédits de la création et de l’action culturelle, accompagner la mutation des CDN en lieux de vie, repenser le renouvellement des postes permanents en lien avec l’artistique (appelé à changer à chaque mandat), considérer les emplois techniques à l’égal des emplois artistiques, adapter les dispositifs à la transdisciplinarité, réviser l’accord de 2003 sur l’emploi des artistes, revoir le Fonpeps pour un soutien à l’emploi artistique... Ces revendications figurent dans le manifeste publié le 21 novembre par l’Association des centres dramatiques nationaux (ACDN). Il réaffirme la nécessité de ce réseau dédié à la création théâtrale et, au-delà du réseau, le besoin d’un soutien plus solide à la création décentralisée.
Le premier chapitre met en cause la politique culturelle nationale : «Il n’y a pas eu de réel réinvestissement intellectuel et financier depuis les années Mitterrand-Lang, écrivent-ils. Si le service public est mis en concurrence avec la présomption de meilleure rentabilité et d’efficience du secteur privé, c’est bien parce que l’État a manqué depuis trop longtemps de vision.» Le manifeste est d’abord une adresse à l’état : qu’il décentralise plus équitablement, qu’un chantier interministériel redonne à l’art et à la création leur place dans la société. Les CDN défendent leur expertise pour mettre en œuvre des projets «innovants et singuliers», et veulent être considérés dans une logique de service public : «La création d’une œuvre avec de l’argent public ne peut pas avoir comme objectif que sa diffusion compense son coût de production», écrivent-ils.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°439
Légende photo : A gauche, Robin Renucci, directeur des Tréteaux de France et président de l’ACDN et à droite, Joris Mathieu, directeur du TNG à Lyon et vice-président de l’ACDN.
Crédit photos : D. R.