L’association Mains d’Œuvres, à Saint-Ouen (93), a pu réintégrer ses locaux le 17 janvier. L’avant-veille, le tribunal de grande instance de Bobigny avait annulé en référé l’expulsion du 8 octobre, pour vice de forme. La directrice, Juliette Bompoint, réagit : « C’est un énorme soulagement et une note d’espoir pour bien des combats. Ce jugement fera jurisprudence en matière d’expulsion d’associations de locaux d’activités. » Le juge a relevé que l’huissier « ne respectait pas les procédures civiles d’exécution » et notamment « l’inventaire des biens se trouvant dans les locaux ». L’association a 18 mois pour conclure un nouveau bail avec la mairie, soit bien après les prochaines élections municipales.
Ouvert en 2001 au nord de Paris, le lieu était en conflit depuis 2014 avec le maire de la ville, William Delannoy (UDI), qui avait supprimé sa subvention. L’édile avait obtenu l’expulsion de l’association pour y créer un conservatoire municipal. Un projet jugé irréaliste par Mains d’Œuvres, qui a saisi la cour d’appel de Paris, laquelle ne devrait pas statuer avant au moins deux années. Durant les trois mois d’expulsion, les 250 artistes résidents et les 2 à 3 spectacles hebdomadaires avaient trouvé refuge dans d’autres lieux franciliens.
L’association pourrait afficher 50 000 euros de pertes pour 2019. Les équipes ont procédé à un état des lieux du bâtiment de 4 000 m2, à son nettoyage, son rangement, voire à des réparations si des fenêtres ont été cassées par la pose de 70 plaques anti-intrusion. La 16e édition du festival Mofo est maintenue hors les murs du 23 au 25 janvier. Les résidences et les spectacles reprendront dès que la sécurité sera garantie.
Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°464
Crédit photo : Vinciane Verguethen