Selon la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) présentée au conseil des ministres du 5 février, les procédures de labellisation du secteur du spectacle vivant et des arts plastiques seront déconcentrées vers les préfets de région. Le Syndeac s’élève contre : « L’idée que le label puisse être attribué à l’échelle exclusivement territoriale, par les préfets de région, inquiète réellement ; cela fait peser une menace potentielle sur la direction artistique des lieux, et sur leurs missions spécifiques de création artistique. Il n’échappe en effet à personne que nombre d’élus locaux revendiquent de disposer d’équipements de diffusion plutôt que de création. La déconcentration de l’attribution des labels par les préfets peut amener à des décisions de pure opportunité politique, du fait de leurs relations quotidiennes avec les grands élus de notre pays. » Le Syndeac espère que l’examen de la loi à l’Assemblée nationale et au Sénat, permettra de revenir sur cette décision.
L’été dernier, les organisations professionnelles avaient réussi à obtenir un engagement du gouvernement sur les nominations des directions des scènes labellisées. Elles resteront entre les mains du ministre de la Culture, même si on sait en réalité, qu’il y a une concertation, voire d’âpres négociations avec les collectivités territoriales. Le Syndeac souligne qu’il n’est pas anti-déconcentration et qu’il a toujours appelé à renforcer les DRAC : « Il ne peut y avoir de politique de déconcentration sans une vague puissante de déconcentration des personnels du niveau central au niveau des DRAC ». Le changement concerne les 12 labels du spectacle vivant et des arts plastiques. L’avenir dira si cette décision va entraîner une course à la labellisation entre préfets de région, avec le risque d’une dévaluation des labels.
« Le ministre tenait à s’inscrire dans la logique de la déconcentration. Finalement, le choix a été de conserver au ministre l’agrément des nominations des dirigeants. En revanche, s’agissant des attributions ou retraits de label, on est dans la logique pure de la déconcentration : rapprocher la décision de là où elle s’applique », explique Sylviane Tarsot-Gillery, directrice générale de la création artistique.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°466
Légende photo : Sylviane Tarsot-Gillery, directrice générale de la création artistique
Crédit photo : D. R.