Imbroglio juridique autour d’un spectacle de cirque. Suite à un changement de réglementation, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) conteste la possibilité de jouer le spectacle Exit, du Cirque Inextremiste. En cause : l’utilisation d’une montgolfière à laquelle les artistes se suspendent pour effectuer des acrobaties. Le préfet du Maine-et-Loire a interdit les représentations à Angers, les 9 et 10 septembre, faute de respect de la réglementation sur les aéronefs. « La mairie pressait pour que le spectacle ait lieu, indique Yann Ecauvre, directeur artistique de la compagnie. Ils ont proposé que le ballon soit soulevé par une grue, mais une telle adaptation à trois jours de la représentation, nous mettait en danger, donc nous avons joué sans rien changer. » Des suites judiciaires sont possibles : « La préfecture a saisi le procureur, qui voudrait nous poursuivre, mais nous n’avons pas de nouvelles depuis. »
Déjà fin août le spectacle était programmé au festival des Rias, et la compagnie avait reçu une lettre interdisant le décollage du ballon, même si le spectacle a joué normalement. Depuis, Exit s’est répété avec des fortunes diverses. À Chaumont, la préfecture n’a pas interdit la représentation, mais la DGAC a procédé à un contrôle sur place et a ensuite signifié à la compagnie la liste des infractions commises, dont la violation de l’interdiction des vols de nuit. À Rezé, la préfecture a interdit le décollage de la montgolfière, qui a donc été arrimée au sol. « Pour la DGAC, à partir du moment où la montgolfière décolle d’un centimètre, il faut appliquer leurs règles, précise Yann Ecauvre. Et il faudrait être un pilote licencié, avec des centaines d’heures de vol… alors que mon ballon est captif, et qu’il ne s’élève qu’à 15 mètres ! ». L’artiste ajoute : « C’est un peu une première mondiale dans le cirque, un spectacle qui a autant joué dans autant de pays, et qui soudain serait interdit ! ».
Jean-Luc Prévost, membre de l’Observatoire de la liberté de création, suit cette affaire de près, même si, pour lui, ce n’est pas la création même qui est en cause : « C’est un problème de conformité avec la législation sur les aéronefs, mais nous apporterons, si nous le pouvons un appui politique pour discuter avec les préfets. » En attendant, la compagnie ne sait pas ce qu’il adviendra de ses futures dates, et Yann Ecauvre en vient à souhaiter l’engagement de poursuites « pour faire avancer les choses en créant une jurisprudence ».
Mathieu Dochtermann
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°524
Légende photo : Lors d’une représentation à Lublin en Pologne dans le cadre du Carnaval Sztukmistrzów.
Crédit photo : Wojtek Pacewicz