Le Festival Interceltique de Lorient (FIL) et le Festival du Théâtre de rue d’Aurillac sont deux événements à forte fréquentation qui figuraient dans la circulaire du ministère de l’Intérieur de décembre 2022 comme les deux exceptions pouvant bénéficier d’unités de forces mobiles nécessaires à leur sécurisation dans la période entre les Jeux olympiques et paralympiques. Lorient (Morbihan) a reculé ses dates (du 12 au 18 août) et réduit la durée. Aurillac (Cantal) les a avancées (du 14 au 17 août). Ils se préparent dans une certaine sérénité, même si la « posture Vigipirate » de l’été automne 2024 est active au niveau « urgence attentat ».
À Lorient, une unité de compagnie républicaine de sécurité (CRS) et une demi-unité de plus pour la journée du grand défilé sont habituellement mobilisées pour le FIL. Guy Gasan, maire adjoint de Lorient chargé de la sécurité et de la prévention, n’a aucun doute : « On ne nous a pas dit qu’on ne les aurait pas. » Il rappelle que la sécurité des biens et personnes reste de la compétence de l’État. La Ville engage quand même un budget sécurité de 250 000 euros pour ce festival. Ses agents font une inspection visuelle des sacs à l’entrée des espaces clos plein air du festival : « Pour l’instant, l’État n’a pas exigé la palpation. Ce serait extrêmement contraignant. Il y a entre 850 000 et 1 million de personnes sur la période, avec des allées et venues en permanence entre la rue et les fans zones ». La Ville pose aussi les blocs de béton et barrières contre l’intrusion de véhicules. Cette année, elle met en place un centre de supervision urbain « pour voir en temps réel ce qu’il se passe dans l’hypercentre ». L’association FIL elle-même emploie une société de sécurité pour surveiller l’accès aux bâtiments et garder les lieux la nuit, y compris le village commerçant. Finalement, le budget sécurité est stable, mais sur 7 jours au lieu de 10 et un périmètre réduit, principalement à cause de la hausse des rémunérations de personnels.
Au Festival d’Aurillac, le changement de dates pèse financièrement, car il tombera dans le week-end du 15 août. « Cela génère un surcoût de rémunération des personnels de sécurité et des agents municipaux », observe le directeur, Frédéric Rémy, qui n’a pas encore l’évaluation. L’association Éclat a à sa charge l’accès et le gardiennage des lieux de spectacle. La configuration « urgence attentats » n’implique pas de changement par rapport à l’habitude (l’hypercentre est en accès contrôlé par des agents de la Ville). Grâce aux relations fidèles avec les prestataires, Aurillac ne voit pas d’affolement sur la disponibilité des personnels de sécurité, mais les charges sont encore alourdies par le nouveau système de vacations de 4 heures minimum et les dernières réformes de vérification et certification des structures temporaires. « Il y a l’inflation, mais aussi des réglementations qui font qu’organiser des manifestations dans l’espace public coûte de plus en plus cher depuis deux ans. Or, on n’a pas de marge pour s’adapter ».
Yves Perennou
Arts de la rue : week-ends concentrés
« Une des vraies difficultés, c'est que la période des festivals autorisés est très limitée, note Frédéric Rémy, directeur du Festival d'Aurillac. Les week-ends disponibles sont surchargés. Les compagnies sont sursollicitées et refusent des options alors qu'il y a très peu d'événements sur d'autres week-ends. C'est problématique pour les arts de la rue qui peu de possibilité pour décaler la diffusion hors de l'été. »
En partenariat avec La Lettre du Spectale n°561
Légende photo : Excitation foraine, de la compagnie Titanos
Crédit photo : Vincent Muteau