Culture & Avenir, qui gère en délégation de service public (DSP) les deux théâtres municipaux de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), vient d’être placée en redressement judiciaire. La société accusait des défauts de paiement de prestataires et n’avait pu verser les salaires de l’équipe pour le mois de mars.
Le PDG, Patrice Albanese, pensait traverser cette mauvais passe grâce à l’accord de la Ville d’avancer l’échéance de subvention, soit 300 000 euros, sur une subvention annuelle de 960 000 euros (budget global de 1,8 million d’euros), mais il a fallu attendre un conseil municipal et le tribunal de commerce a été saisi avant. Patrice Albanese explique la situation par un faisceau de difficultés depuis que son équipe (la société de production A360 dont Culture & Avenir est filiale) a été choisie pour la DSP, de 2022 à 2026. Il avance, d’une part, le délai imprévu du paiement du crédit de TVA (96 000 euros sur 2022 et une partie de 2023), bloqué par une mesure de vérification fiscale. Il détaille ensuite la succession « catastrophique » avec le groupe JMD Prod (Jean-Marc Dumontet), le précédent délégataire à Saint-Malo.
La saison 2024-2025 est maintenue
Les désaccords les ont conduits devant la justice sur les droits de garde billetterie, sur les spectacles commandés, sur le remboursement des annulations de 2021, soit un total que Patrice Albanese évalue à 250 000 euros. S’y ajoutaient les frais liés au licenciement d’une salariée qui a, par ailleurs, saisi les prud’hommes. Mais, après référés et jugement au fond, Culture & Avenir n’a pas obtenu satisfaction sur toutes ses demandes et fait appel « pour récupérer encore 150 000 euros ». Enfin, est intervenue l’inflation sur les charges d’entretien et de fluides des deux théâtres en gestion, et sur les coûts de transport. Inflation d’autant plus lourde que Culture & Avenir a augmenté l’activité. La Ville attendait plus d’action culturelle, une programmation plus diversifiée en danse et musique et plus de représentations. Ainsi, il y a eu une saison d’été, en 2023. « Il a fallu renforcer l’équipe aussi. Quand on a repris, ils n’étaient plus que 6. Maintenant, on est à 14, plus 3 contrats de professionnalisation. Notre subvention, elle, était figée dans le marbre », ajoute le dirigeant. Dans ces circonstances, la saison prochaine est un peu allégée « avec quand même avec une quarantaine de spectacles et 75 représentations ». Un mandataire a été nommé par le tribunal de commerce pour gérer les dettes en cours, tandis que le redressement judiciaire garantit les paiements des prestations futures.
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°559
Légende photo : Patrice Albanese, PDG de Culture & Avenir
Crédit photo : D. R.