Depuis son irruption récente dans le paysage culturel, l’intelligence artificielle intrigue, inquiète et fait rêver, tant ses applications sont immenses. Et encore mal encadrées.
Voici quelques semaines, Les Beatles, séparés depuis cinquante-trois ans, sortaient un nouveau titre – Now and Then – enregistré et mixé grâce à une intelligence artificielle. Ce projet des deux membres encore en vie du groupe, Paul McCartney et Ringo Starr, prolongeait une maquette de John Lennon enregistrée dans les années 1970, et transmise par sa veuve, Yoko Ono, aux membres du groupe qui avaient tenté, sans succès, dans les années 1990, d’extraire la voix de John Lennon en haute définition pour produire le titre. Une application vertigineuse, une de plus, due à l’intelligence artificielle, cette IA dont on ne cesse de parler depuis des mois et dont on peine encore à imaginer ce qu’elle pourra avoir comme conséquences réelles dans la production et la diffusion du spectacle vivant. Pour la production musicale, les applications possibles sont immenses, en témoigne ce « nouveau titre » des Beatles ou Heart on My Sleeve, ce faux duo créé entre le rappeur Drake et The Weeknd, écouté plus de 10 millions de fois sur TikTok en quelques heures. Pour Drake, « l’IA, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », tandis que le rappeur Ice Cube, dans son podcast, la qualifie de « démoniaque ». La crainte d’être dépossédé de son business est forte, même parmi ses têtes de gondoles nord-américaines qui plaident déjà pour une régulation. Un phénomène qui traduit bien leur inquiétude. À ce jour, plus d’une quinzaine de plateformes proposent de générer en ligne de la musique pour créer des chansons, des jingles, des sons.
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Par Cyrille Planson
Légende photo : Android Opera Mirror, de Justine Emard
Crédit photo : D. R.