La circulaire du ministre de l’Intérieur du 15 mai inquiète les festivals français. Elle détaille l’indemnisation des services d’ordre qui sera négociée par chaque préfet. Une indemnisation déjà en place pour de nombreux festivals, mais inexistante pour d’autres. Aurélie Hannedouche, déléguée générale du Syndicat des musiques actuelles, s’est s’indignée : «S’ils font payer les festivals dans ces proportions, ils vont les tuer. Ce n’est pas aux manifestations de supporter les conséquences des attentats, il s’agit de missions régaliennes. Et le Fonds d’urgence s’arrêtera en 2019.» Le Prodiss, qui a été consulté pour la rédaction de cette circulaire, a alerté ses festivals membres. Le texte fixe à 20 euros le taux horaire des forces de l’ordre. Il augmente au-delà de seuils de 51, 101 et 501 agents, jusqu’à 30 euros. S’y ajoutent les dépenses d’alimentation, d’hébergement et de transport, de véhicules et des conditions de paiements strictes avec une avance de 60 à 80% un mois avant. Les conséquences se font déjà sentir. Le festival Fête du Bruit dans Landerneau (Finistère) signale une augmentation de 25% de l’indemnisation. «Pourtant les effectifs des services d’ordre ne seront pas plus importants, relève Carol Consola, responsable de la communication. Les niveaux d’indemnisation ne sont pas les mêmes selon les départements ou les festivals. Notre manifestation a lieu en centre-ville et nous devons financer un camion-citerne feux de forêts des pompiers. Ce n’est pas le cas d’Astropolis [dans le même département], qui se déroule dans les bois». Le festival organise un second événement cette année dans le Morbihan, où aucune indemnisation n’a été demandée pour le moment. Florent Sanseigne, directeur du festival No Logo, dans le Jura, compte aller jusqu’au contentieux si cela est nécessaire. «L’indemnisation est appliquée de façon arbitraire selon les départements et les festivals, déplore-t-il. Un appui politique peut tout changer, certains maires utilisent la police municipale pour suppléer ces conventions. Le sous-préfet m’a annoncé un coût de plus de 40 000 euros contre 32 000 euros l’an dernier, alors que le périmètre de notre festival est le même et que la réunion “retour d’expérience” en préfecture avait conclu 4 mois plus tôt à une maîtrise de la manifestation par ses organisateurs.» L’entrepreneur et sa société ont fait appel à un avocat pour dénoncer l’absence de justification des montants demandés et l’application arbitraire de cette circulaire. Le festival marseillais Marsatac a vu son indemnisation tripler cette année et en a été informé à 3 jours de son ouverture. Béatrice Desgranges, sa directrice, déplore ce calendrier serré et qu’on ne puisse contester le montant demandé. Après un changement de préfet, un des plus gros festivals, qui souhaite rester anonyme, a vu sa facture passer de 30 000 à 254 000 euros, pour des effectifs constants. La négociation se poursuit.
Nicolas Dambre
Légende photo : Au festival Papillons de nuit
Crédit photo : Gaëtan Herbette
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°431.