Le Fonds national pour l’emploi pérenne dans le spectacle (Fonpeps) est-il inadapté ? Est-il un échec ?
Les participants à la table ronde organisée à Rennes, à l’occasion des Trans Musicales par le SMA (Syndicat des musiques actuelles), ont exprimé un certain désarroi. Les deux dernières mesures du Fonpeps (sur neuf) se font attendre pour début 2018, alors que ce dispositif s’achèvera à la fin de l’année. Il s’agit de l’aide à la garde d’enfants et du soutien à l’emploi dans les salles de concert de moins de 300 places et les salles de théâtre et de danse de moins de 100 places.
La déléguée générale du SMA, Aurélie Hannedouche, déplorait : «Si cette mesure entre en vigueur en avril ou mai, les petits lieux auront moins de huit mois pour en bénéficier.» La précédente ministre de la Culture avait indiqué que 500 000 euros seraient fléchés vers cette mesure. Mais son application paraissait floue aux participants à la rencontre. Ils se demandaient si elle concerne l’emploi direct dans ou par les lieux, c’est-à-dire si les producteurs peuvent en bénéficier. Nicolas Lefèvre, directeur de la Cave aux Poètes (59), craignait qu’elle bénéficie à des entrepreneurs qui se contentent de louer des théâtres parisiens. François Levalet, booker aux Tontons Tourneurs, se demandait s’il faudrait négocier le bénéfice de cette mesure avec chaque salle et dénonçait «une méconnaissance totale du fonctionnement de notre métier».
Le SNAM-CGT, par la voix de son secrétaire général Philippe Gautier, voit dans le Fonpeps une «catastrophe industrielle». Le syndicat de musiciens estime qu’il n’a pas permis la création d’un seul emploi artistique pérenne de musicien en CDI, notamment dans des orchestres reconnus. Les demandes d’aides n’ont pas été nombreuses pour les premières mesures.
Isabelle Lévy, chef du bureau de l’emploi du spectacle vivant au ministère de la Culture, annonce 2,5 millions euros d’aides dépensées fin 2017 (sur 90 millions alloués au Fonpeps) pour 2 000 demandes accordées (dont 88 inéligibles). Le budget alloué au Fonpeps baissera à 25 millions d’euros pour 2018. «Cette première année fut celle d’une expérimentation», estime Isabelle Lévy. Et la deuxième année une année de clôture ?
NICOLAS DAMBRE
(En partenariat avec La Lettre du Spectacle du 5 janvier 2018)
Légende photo : Lysistrata. Crédit photo : Eric Deguin.