Des festivals entrés en résilience

    festival d’Aix-en-Provence

    Annulés en 2020, soumis aux injonctions contradictoires de protocoles sanitaires sans cesse adaptés en 2021 : les festivals viennent de traverser deux saisons en enfer sur le bateau ivre de la pandémie. Avec des coques calfatées par les dispositifs mis en place par l’État, les naufrages ont été évités. Mais, au sortir de ces deux années qui ont parfois épuisé les équipages, se pose la question de leurs modèles économiques.

    Le 3 février 2020. Jean-Louis Grinda affiche un grand sourire à l’occasion de la présentation à la presse parisienne des 151es Chorégies d’Orange (4,5 M€ de budget). Sauvé in extremis deux ans plus tôt de la faillite, le doyen des festivals français annonce une édition exceptionnelle. « Nous avions des réservations à un niveau jamais atteint, se souvient son directeur. Nous allions être financièrement à l’abri pour trois ou quatre ans. »

    A la même époque, du côté de Clisson, en Loire-Atlantique, Ben Barbaud et ses équipes n’ont aucune inquiétude pour le prochain Hellfest. Les billets du plus gros festival metal du monde se sont arrachés en quelques heures, comme d’habitude. La billetterie est indispensable pour boucler les 25 M€ de budget. « Nous ne touchons pas de subvention : la musique que nous proposons est hors radar politique et lorsque nous avons lancé le Hellfest, pas un élu ne voulait mettre un euro », se rappelle Ben Barbaud. Pas d’argent public, c’est une question d’éthique pour Florent Sanseigne, directeur du festival jurassien de reggae No Logo (1,3 M€ de budget). Ni subvention ni sponsor. « Notre modèle économique, c’est de ne dépendre de personne. Du coup, si nous ne sommes pas au maximum de la jauge, ça ne passe pas. » Et depuis huit ans, ça passe.

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    Par Bruno Walter

    Légende photo : Au festival d’Aix-en-Provence

    Crédit photo : Vincent Pontet