Le Chainon manquant à Laval (Mayenne), festival porté par le réseau Chainon, a connu (du 17 au 22 septembre) un succès d’affluence tant des professionnels que du public. Un bilan qui récompense une structure arrivée à maturité. Rencontre avec François Gabory, son président.
Êtes-vous satisfait de cette nouvelle édition ?
Oui, c’est un bon bilan. Cela fait plus de 15 ans que je suis président du réseau et chaque année, c’est de mieux en mieux. Nous arrivons à quelque chose de vraiment abouti. Cette année, 805 professionnels ont été accueillis, 400 professionnels sont venus en repérage de spectacles, nous avons eu plus de 13 500 entrées pour 74 spectacles...
C’est l’âge de la maturité ?
C’est un festival qui s’est vraiment installé sur Laval, qui plaît aux Lavalois dans sa singularité. Mais le Chainon manquant est à usage professionnel. Après Avignon, c’est vraiment l’autre plateforme de repérage pluridisciplinaire en France. Chaque année, ce sont autour de 1 300 à 1 500 dates qui sont achetées après le festival. Le réseau c’est autour de 400 lieux adhérents. Quand j’ai commencé ma présidence, nous étions 80.
Quel sont ses point forts ?
La majorité des professionnels restent trois jours et voient de 20 à 30 spectacles dont les durées sont bien coordonnées. À Laval, nous n’avons que de vrais lieux de diffusion. Et c’est simple d’accès. Enfin, tous les spectacles du Chainon ont été vus : on peut ne pas aimer mais on sait que sur 5 ou 6 spectacles il y en a toujours au moins 1 ou 2 qui sortent du lot pour soi-même. Cette année, nous avons vu un peu plus de producteurs parisiens en musique, car nous sommes pluridisciplinaires. Ce qui montre que le réseau est beaucoup plus identifié qu’il y a 15 ans. En la matière, notre programmateur, Kevin Douvillez, nous aide beaucoup.
Quel est le rôle du Chainon dans la diffusion des spectacles ?
C’est un remède, une aubaine, une opportunité. On n’a jamais un artiste qui s’est plaint de venir. Le réseau n’a fait que se développer avec ce souci de la diffusion, car c’est vraiment un réseau de diffuseurs, premiers prescripteurs de la découverte. On met 400 personnes « autour d’une table » qui forment un réseau de repérage de tout ce qui se passe en France. Le Chainon est un grand entonnoir qui filtre tout ça. Et ce que nous choisissons, c’est voulu et validé par le conseil d’administration qui porte la programmation, même si Kevin Douvillez (directeur artistique) nous conseille. Désormais, nous avons une place à côté de l’outil ministériel qu’est l’Onda. Le ministère de la Culture nous reconnaît vraiment dans cette mission, avec notre singularité et nos fragilités. Le Chainon est un tout-en-un avec un esprit qui reste quand même militant.
C’est un réseau associatif ?
C’est un réseau qui n’a pas énormément de moyens, qui est associatif oui : la disponibilité des collègues n’est jamais facile, car tout le monde est investi sur dix milliards de choses. Nous nous adressons essentiellement à des lieux non conventionnés, en grande majorité des théâtres de ville, des projets culturels de périphérie, en milieu rural, etc. Notre adhérent « moyen » est un service culturel d’une commune de minimum 10 000-12 000 habitants, avec un théâtre qui a entre 300 et 400 places, et un budget de programmation à l’année autour de 100 000 euros, avec évidemment de gros écarts.
Comment les adhérents choisissent-ils les spectacles ?
Nous organisons des réunions de tournées, par région, d’octobre à décembre où les adhérents choisissent les spectacles sur un catalogue tout simple, avec un prix, les conditions techniques, etc. Chaque année, on commence par une région différente, car les disponibilités ne sont pas les mêmes en début ou fin de cycle.
Propos recueillis par Jérôme Vallette
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°567
Légende photo : François Gabory
Crédit photo : D. R.