Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon, revient sur l’édition 2023 et ses nouveautés comme l’ouverture anticipée de la billetterie, mais aussi sur les contraintes économiques, inflation et réglementation obligent. Elles entraînent un léger déséquilibre financier cette année avant une édition 2024 singulière.
L’ouverture de la billetterie plus de 3 mois avant le festival d’Avignon a-t-elle été concluante ?
Tout à fait ! Cela a permis de faire coïncider la réservation de spectacles avec celle de billets de train ou d’hébergements. Le public a répondu très positivement à cette ouverture anticipée. Près de 12 000 places supplémentaires étaient en vente par rapport à 2022. Tout cela nous a permis d’écouler des billets au fil de l’eau et au public de trouver des billets, y compris pendant le festival. Au total, 115000 billets ont été vendus, soit un de taux de fréquentation de 94 %. À l’ouverture du festival, 75 à 80% des billets étaient vendus, il y a donc eu moins d’achats de dernière minute qu’en 2022, sans doute grâce à l’étalement des ventes.
Comme d’autres festivals, avez-vous constaté une inflation de certaines dépenses ?
Oui, notamment les matériaux de construction, par exemple, le bois, nécessaire à la fabrication de décors ou à l’équipement de lieux éphémères. Également les transports ou l’hébergement. Cela représente 150 000 à 200 000 euros. Mais surtout, des modifications législatives intervenues début 2023 nous ont obligé à prendre en charge les frais de sécurité incendie pour les trois spectacles qui se déroulaient en plein air dans des sites naturels. C’est la principale cause de déséquilibre financier du festival. Ce surcoût est de l’ordre de 300 000 à 600 000 euros, selon que l’on tient compte ou pas des aménagements ou des navettes. Jusqu’à une trentaine de personnes étaient mobilisées en extérieur, dont 12 à 18 personnes à la carrière de Boulbon. Nous allons vers un résultat qui ne sera pas à l’équilibre.
Comment abordez-vous l’édition 2024 avancée ?
Le maître-mot sera l’anticipation. Le profil de cette édition sera très différent, puisque la première semaine se déroulera avant les vacances scolaires. Nous allons donc réfléchir à l’ossature et au rythme de cette première semaine. Le début sera très fort avec un peu moins de spectacles, mais plus de représentations et de séries longues, comme sur la prochaine édition. Le festival durera deux jours de plus, avec davantage de billets en vente. Savoir quel sera le comportement du public représente une inquiétude, mais c’est l’occasion de travailler davantage avec les spectateurs locaux (40 % de notre fréquentation), les groupes, les nouveaux venus et les scolaires.
Et le rapprochement avec le Off ?
Nous avons des préoccupations communes, notamment la mobilité des publics et l’encadrement du prix des logements. Un travail prospectif va être mené.
Propos recueillis par Nicolas Dambre
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°543
Légende photo : Pierre Gendronneau, directeur délégué du Festival d’Avignon
Crédit photo : D. R.