Entretien avec Dominique Hervieu, directrice de la Biennale de la danse de Lyon
Pourquoi avoir renoncé à la Biennale après avoir annoncé son maintien ?
La Biennale n’est pas annulée, elle est reportée. Il s’agissait à tout prix d’éviter l’annulation de pièces qui ne pouvaient voyager ou répéter. éviter l’annulation, c’est éviter que les artistes ne puissent ni faire ni montrer leur œuvre. Ces quinze derniers jours, nous étions en train d’assister à des dérives : les artistes dénaturaient leurs projets, renonçaient à ce qu’ils voulaient faire pour répondre aux contraintes. Tous les artistes sont soulagés. Au moins, ils savent ce qu’ils vont faire. Nous n’avons pas de certitude sur ce que sera la situation dans neuf mois, mais les artistes auront le temps pour s’organiser, et nous aussi.
Combien cela coûte-t-il ?
Nous commençons à étudier la situation, mais il fallait que quelque chose soit sûr. Pour le report, il faudra des ajustements. Par exemple, la création de Dimitris Papaioannou était prévue à l’opéra qui ne sera peut-être pas libre en juin 2021. Il reste le TNP, mais la salle ne fait que 600 places contre les 1 000 prévues… J’ai eu la garantie des tutelles qui maintiennent toutes leurs financements pour juin 2021. Ils l’aiment leur Biennale. Cet attachement s’est exprimé avec force. Ce report est aussi l’occasion de belles surprises. Le projet de Robyn Orlin avec la chanteuse Camille qui devait être produit par la Philharmonie en mai et créé en ce moment, a été annulé. Je devais l’avoir pour la Biennale. Je me suis rendu compte qu’il y allait avoir superposition de nos dates avec celles des Nuits de Fourvière. J’ai proposé à Dominique Delorme, le directeur, que l’on collabore. Il a déjà programmé Camille, et le projet lui plaît. Le projet va trouver sa place aux Nuits de Fourvière !
Que deviennent les créations prévues ?
Je pense que nous allons pouvoir assurer la plus grande partie des grands projets. On va avoir Papaioannou. On trouvera un théâtre. François Chaigneau pourra plus facilement développer son duo avec le Japon. Angelin Preljocaj sera ok en juin 2021. Pour la création de Yoann Bourgeois, il y a une fenêtre. Nous avons un peu plus de problème avec les petits théâtres en région. Souvent, ils ferment fin mai. Nous voudrions tenir la Biennale entre le 15 mai et le 15 juin 2021, avec un focus si nos partenaires nous suivent, sur le week-end du 7 juin.
L’édition suivante sera-t-elle décalée ?
Nous travaillons sur l’hypothèse d’une Biennale 2022. C’est-à-dire que nous envisageons le report simple de la Biennale, pas un décalage avec maintien de la périodicité. Les discussions en sont là. Le maillage local, l’éditorialisation, le travail avec les partenaires sont liés à une organisation sur deux ans. C’est un rythme qui me convient bien : il y a la saison de la Maison de la danse à côté.
Propos recueillis par Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°472
Légende photo : Dominique Hervieu
Crédit photo : F. Delhay