Stéphane Fiévet, comédien et metteur en scène, ancien président du Syndeac (2003-2006), directeur de la culture à Paris 2024, et aujourd’hui consultant, conduit pour le compte du Syndicat national des metteuses et metteurs en scène (SNMS-CGT), les premières Assises nationales de la mise en scène (anms2024.fr) qui se déroulent, à tour de rôle, et jusqu’en janvier dans huit villes de France.
Quel bilan pour les premières journées des Assises ?
Les deux premières dates ont eu lieu à Lille – date inaugurale – et à Strasbourg, avant Paris, le 21 octobre au CNSAD. Cela a été un vrai succès de fréquentation, avec plus de 200 personnes au Théâtre du Nord, Centre dramatique national Lille-Tourcoing, et près de 130 au Maillon, Théâtre de Strasbourg scène européenne. Pour l’étape de Paris, nous avons ouvert les inscriptions, sans publicité, et nous avons déjà 150 inscrits. Nous allons sans doute être obligés de doubler la date. Chaque édition sera différente puisque les territoires sont tous singuliers. C’est pour ça que nous coorganisons ces dates avec des théâtres très implantés, nous travaillons ensemble pour monter l’édition régionale. Là, des partenaires locaux, comme l’Agence culturelle Grand Est pour Strasbourg, les DRAC, et les lieux qui nous accueillent nous aident, notamment pour le casting des intervenants. C’est une co-construction.
Que tirer de ces deux débats ?
Le principe des huit éditions est que c’est cumulatif. Ce qui est évident, c’est que sur énormément de sujets, nous avons entendu les mêmes choses, avec des variantes locales ou un pas de côté, avec des propositions inédites. Mais des fondamentaux apparaissent, deux-trois éléments qui ressortent très nettement. D’abord, l’état d’esprit des participants. Ces assises répondent à un besoin profond, que les metteuses et metteurs en scène expriment très vite : ils se sentent un peu seuls et ont besoin de ce partage entre professionnels. Cela entraîne un état d’esprit extrêmement positif : être au travail, ensemble, c’est inédit. Ce sentiment d’isolement de ces artistes conduit à une véritable satisfaction d’être dans le partage.
Comment se déroulent ces journées ?
Il faut comprendre qu’on pose les mêmes questions sur les mêmes territoires, car ce sont des assises nationales et qu’on veut avoir une consolidation nationale, avec trois thématiques d’ateliers-débats : la trajectoire [pour définir le métier et les parcours], le processus [pour mettre en tension la question des publics] et la responsabilité [sur le rôle du professionnel face aux défis contemporains]. Mais il y a aussi une dimension territoriale. Ce qui peut changer, selon le lieu, ce ne sont pas les questions qu’on traite mais la méthodologie. Nous avons trois rapporteurs qui sont de toutes les éditions. Et des modérateurs venus des territoires. Et, en fin de journée, une plénière de restitution.
Et ça marche ?
Les premiers retours valident les sujets mais on doit affiner certaines méthodes (par exemple, réduire certains temps) et donner plus de temps à la proposition. On est dans la dialectique du constat, parfois douloureux, parfois non, mais aussi de la proposition. Ce qui est fort, c’est que ça valide le fait qu’il y a un impensé de la définition de ce métier alors qu’il est au cœur de la plupart des projets. On travaille pour dire ce qu’est être metteur en scène en France aujourd’hui. En tous les cas, nous sommes très satisfaits des premiers pas. J’étais un peu inquiet au début de savoir si cela allait être compris, mais non seulement c’est entendu, mais aussi très attendu ! Cette réalité a d’ailleurs été pressentie par tous les partenaires des assises qui ont tout de suite compris qu’il y avait un enjeu, quelque chose qui n’était pas travaillé.
Quels sont vos moyens ?
Le budget global est de l’ordre de 250 000 euros, sans les interventions en industrie des partenaires. Les Assises sont à l’initiative du SNMS, le producteur, mais chaque date est montée avec les lieux qui accueillent, avec à chaque fois un vrai investissement en ce qui concerne l’accueil et la coordination. Il y a aussi d’autres partenaires, financiers et en industrie (Afdas, Audiens, SACD, ASTP) et, bien sûr, le ministère avec la DGCA qui nous accompagne, ainsi que les DRAC.
Propos recueillis par Jérôme Vallette
Crédit photo : D. R.