Après 3 ans de fermeture (dont 18 mois pour travaux), le Glob Théâtre (Bordeaux), a rouvert en février 2023. À la tête de cette scène conventionnée depuis septembre 2023, Yoann Lavabre revient sur sa première année de mandat et commente les enjeux de sa première programmation.
Pourquoi le Glob ?
Pour moi, c’est un retour au théâtre contemporain. Alors qu’avant, je dirigeais un théâtre municipal, avec une programmation au spectre plus large. Mais j’ai commencé comme administrateur au Théâtre-Studio d’Alfortville, avec un théâtre de répertoire contemporain – Sarah Kane, Edward Bond… C’est aussi un retour à un théâtre intimiste, avec une proximité scène-salle que j’affectionne. Les travaux en ont fait un outil sobre et performant, avec un plateau généreux et une jauge quasi doublée (190 places). Enfin, le Glob est une SCOP (société coopérative), un statut juridique qui m’intéressait pour le management collaboratif qu’il implique.
Quel bilan faites-vous de votre première année ?
Le fonctionnement en SCOP est très agréable. Le projet est porté par toute l’équipe, chaque décision est discutée. Ce qui bouscule aussi, et réinterroge le rôle du directeur. Par exemple, j’ai soumis ma programmation pour la saison 2024-2025 au vote lors de l’assemblée générale.
Comment l’avez-vous pensée ?
Un des impératifs était de s’inscrire dans l’histoire du Glob. C’est pourquoi je porte une attention particulière aux compagnies locales, comme ce théâtre l’a toujours fait. Ce qui répond aussi à des contraintes budgétaires autant qu’à des enjeux écologiques. Sur 33 propositions, au moins 23 sont régionales et 16 sont bordelaises. J’ai souhaité une grande ouverture, en recevant une centaine de compagnies en entretien. Je programme également des artistes habitués du lieu, tel Renaud Cojo, et dont j’aime le travail. Enfin, je souhaite asseoir le Glob comme scène dédiée aux compagnies émergentes, en programmant parfois leurs toutes premières expériences pour favoriser leur visibilité.
Comment qualifieriez-vous cette programmation ?
Je la souhaite généreuse, inclusive, critique et pleine d’espoir. Et qu’elle traduise ma vision du théâtre comme un outil utile et nécessaire de compréhension du monde, à la fois en le reflétant et en le pensant.
Quelles autres orientations proposez-vous ?
Je développe la programmation jeune public, sur le temps familial et scolaire, en créant notamment des parcours de 3 spectacles pour chaque niveau (maternelle, élémentaire, collège). De même que l’instauration d’abonnements, cela va permettre une fidélisation des publics, véritable enjeu actuel pour le Glob. Aussi, je souhaitais une saison coopérative avec l’extérieur, pour donner plus d’envergure aux projets et renforcer les collaborateurs – le Glob compris. Ainsi, outre l’accueil de spectacles lors de festivals tels Trente Trente, le FAB et Bienvenue, je lance aussi des festivals thématiques aux enjeux sociétaux importants, comme « Cultivons nos singularités ! » et « Cultivons le matrimoine ». Dans ce cadre-là, je cherche à embarquer d’autres structures du territoire (l’Opéra, la Manufacture CDCN, etc.) pour accueillir des propositions. Les festivals offrent aussi une meilleure synergie pour les publics.
Vos objectifs pour la suite ?
Rencontrer le public avec ce projet-là. Et, à l’avenir, pouvoir programmer des représentations sur plus de 4 soirs, pour favoriser le bouche à oreille. La représentation en série fait partie de l’histoire du Glob (jusqu’à 8 soirs), ce qui est important pour les artistes – même si j’ai préféré être prudent pour cette réouverture.
Propos recueillis par Hanna Laborde
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°570
Légende photo : Yoann Lavabre
Crédit photo : Marianne Efstathiou-Lavabre