Sept porteurs de projet en milieu rural livrent leurs priorités.
1-Prendre le temps de construire
Progressivité, co-construction, écoute… Le temps long est un facteur de réussite. « J’essaie de travailler sur des programmations adaptées aux publics vers lesquels je vais, en avançant progressivement vers des formes plus pointues, très contemporaines, met en avant Julien Versange, chargé de production et de programmation de la Saison Culturelle en Pays Gentiane, à Riom-ès-Montagnes (Cantal), un territoire de 4 000 habitants en moyenne montagne. L’objectif, pour moi, est de monter en exigence, tout en conservant la convivialité au centre. Ici, si quelque chose ne va pas, les publics vont me le dire très directement. Chaque fois que l’on joue, 60 % des spectateurs présents habitent la commune, c’est fédérateur. » Pauline Matteoni, responsable du projet du Colombier des arts, à Plainoiseau (Jura), témoigne de cette même réalité : « Nous n’avons pas assez de temps pour co-construire les projets et les installer sur le long terme. à peine un projet est-il fini qu’il faut déjà penser au suivant, qu’il soit nouveau et innovant, alors que nous aimerions avoir plus de temps pour continuer à analyser et à penser ce que nous venons de mettre en place afin de l’améliorer, de le développer, et de faire que les habitants petit à petit s’en emparent et le fassent évoluer.» Elle manque aussi de temps « pour penser le projet hors de l’urgence quotidienne. Nous réussissons à dédier chaque année deux à trois journées à notre formation, notamment sur l’intelligence collective. Nous appelons les journées “cœur”, parce que l’on peut y travailler le cœur du projet, ce qui fait battre nos cœurs et fait que l’on s’y investit ».
2-Mieux identifier les projets et les acteurs
« Je crois que ce qu’il manque à beaucoup de projets exemplaires en milieu rural, c’est leur repérage par les techniciens et les élus des Régions et des DRAC, souligne Jean-François Poumier, président de Tuberculture, à Chanteix (Corrèze). Avant même d’imaginer les accompagner, il faut être en mesure de les identifier comme des lieux et des projets artistiques et culturels à part entière, même si l’organisation est associative, collective ou atypique. »
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Par Cyrille Planson
Légende photo : Loïc Guénin, compositeur, musicien et fondateur du Phare à lucioles et du M!(lieu), à Sault (Vaucluse)
Crédit photo : Patrick Gherdoussi