Diffusion de la danse : l’ONDA présente un état des lieux

    Bounce

    L’impression d’une stagnation voire d’une dégradation de la diffusion de la danse avait déclenché le besoin d’une observation chiffrée. L’étude réalisée par Daniel Urrutiaguer pour l’ONDA s’est appuyée sur trois sources : la base de données de la SACD, les résultats d’un questionnaire en ligne renseigné par 112 compagnies et 141 structures, les comptes rendus d’entretiens auprès des responsables de 21 compagnies et 21 structures de diffusion.

    Coûts de cession : paradoxe
    « Une majorité de compagnies déclare subir des pressions à la baisse, quand les structures de diffusion font état d’une stabilité ou d’une tendance à la hausse. Ce paradoxe s’explique en grande partie par la dégradation des apports de coproduction, écrit l’auteur. Nombre d’entre eux se traduisent par des préachats de représentations au coût plateau, ce qui contraint les équipes à chercher des marges bénéficiaires, nécessaires à leur fonctionnement, lors de leurs ventes à d’autres structures de diffusion ». Ainsi les compagnies se plaignent d’une « pression pour la baisse des prix de cession afin de se rapprocher du coût plateau », alors que les diffuseurs déclarent constater une stabilisation ou une hausse des prix.

    1 700 représentations par an
    Sur la période 2011 à 2015, 700 spectacles chorégraphiques sont déclarés chaque année au répertoire de la SACD. Le nombre moyen de représentations par spectacle, par an, est d’environ 5,2. On compte 1 700 représentations par an, un chiffre stable sur la période. Près de la moitié des spectacles n’ont été diffusés que trois fois ou moins sur 5 ans.

    Le jeune public en tête
    Les 50 spectacles les plus diffusés en France entre 2011 et 2015 (1% du total dans la base SACD), représentent 14,8 % du total des représentations. Parmi eux, 32 s’adressent à l’enfance et la jeunesse. Les spectacles jeune public représentent 6% des spectacles mais 21% du total des représentations. Les spectacles jeune public touchent aussi un nombre de lieux de diffusion plus élevé : 11,4 en moyenne contre 4 pour les autres. Le top 6 de la diffusion Les 14 équipes qui ont le plus diffusé sur cinq ans, soit 1 % du total des chorégraphes ou maîtres de ballets, sont à l’origine de 13,1% des représentations. En tête le ballet de l’Opéra national de Paris (701 dates), puis la compagnie Ouramdane, Arcosm, CCN Créteil-Käfig, étant-donné, le CCN Preljocaj, DCA.

    Les conventions
    Les équipes labellisées et celles conventionnées avec l’état affichent des moyennes de diffusion supérieures. Mais la très grande majorité des compagnies pour l’enfance et la jeunesse n’est pas subventionnée par l’État et/ou la Région. La part des compagnies aidées à la structuration ou au projet par l’état s’est consolidée.

    Structures de diffusion
    Le nombre de diffuseurs de spectacles chorégraphiques déclarés à la SACD a baissé de 7% entre 2013 et 2014, puis s’est stabilisé. L’étude en compte 3 990 sur les 5 ans. 40 structures (des scènes labellisées) ont programmé 19,7% des représentations. Le nombre des théâtres ou centres culturels municipaux dans la diffusion de danse a reculé en 2014, tandis que le poids des lieux labellisés dans la diffusion s’est renforcé. La danse représente encore près de 20% des représentations des scènes conventionnées, un peu moins pour les centres culturels de ville. L’étude expose les contraintes qui se posent au programmateur. Les principaux obstacles à un développement de la programmation chorégraphique sont liés au budget (64% des cas) et au lieu (34%).

    Yves Perennou

    En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°458

    Légende photo : Bounce, d’Arcosm, compagnie dans le top 3 de la diffusion, selon l’étude de l’ONDA
    Crédit photo : J.-M. Lamboley