L’annonce le 28 mai, par le Conseil de Fondation du Béjart Ballet, de la fermeture de l’école-atelier Rudra Béjart Lausanne traduit la complexité de la succession du chorégraphe du Boléro. Michel Gascard, le directeur, a été licencié avec son épouse Valérie Lacaze, régisseuse de l’école. Rudra est la seule école de ce genre. Elle forme 40 danseurs sur 2 ans. Sa réputation est mondiale depuis 1992. Selon le communiqué, le Conseil de Fondation du Béjart Ballet Lausanne aurait, en février, « pris connaissance d’éléments préoccupants mettant en cause la direction de l’école-atelier Rudra Béjart Lausanne, l’obligeant à réagir immédiatement », en ajoutant, cependant, que la fondation ne donnerait pas de détails concernant l’audit commandé en février, et précisant que « par égard pour toutes les personnes concernées, le contenu du rapport ne sera pas évoqué plus avant » et qu’il n’y aurait pas de suite pénale. Michel Gascard, danseur emblématique de la compagnie de Béjart où il est entré à 17 ans, a cessé de danser en 1992, mais est resté proche du chorégraphe et impliqué dans la formation. Il est devenu directeur adjoint de l’Atelier Rudra en 1993 et, à la mort de Béjart, il a repris l’école.
Comme le dit l’un des responsables du Béjart Ballet, « au moment de la mort de Maurice, la priorité c’était de s’occuper de la compagnie dont l’existence n’était pas assurée. L’école roulait parfaitement, il n’y avait aucune difficulté et Michel Gascard connaissait le fonctionnement sur le bout des doigts. » Mais Gascard est aussi propriétaire de la marque « Atelier Rudra » et tire sa légitimité de Béjart lui-même. L’école est hébergée par la compagnie et en dépend pour son fonctionnement. Il y a trois ans, la Fondation Leenaards qui apportait 200 000 francs suisses (sur un budget de 850 000) annonçait qu’elle cesserait son soutien d’ici 2021. Surtout, Michel Gascard et Gil Roman ne s’entendent guère et ce dernier est titulaire du nom « Béjart Ballet ». La Ville de Lausanne qui verse 5 millions de francs suisses par an à la compagnie n’entend pas être associée aux accusations de harcèlement, surentraînement et d’ambiance tyrannique. L’audit a donc été élargi à tout le Béjart Ballet et à toutes les structures culturelles lausannoises. Les victimes sont surtout les élèves qui se pressaient pour suivre cette formation prestigieuse qui leur assurait une place dans les meilleures compagnies du monde. Les responsables, en interne, assurent qu’une école sera créée pour la rentrée 2022.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°496
Légende photo : Célébration des 25 ans de l’école en 2018
Crédit photo : D. R.