La disparition soudaine, à 45 ans, le dimanche 27 décembre, d’Ousmane Sy est un drame qui a frappé le monde de la danse et du hip-hop en particulier. Danseur à la renommée internationale, membre des fameux Wanted Posse avec lequel il a remporté en 2001 le championnat du monde Battle of the Year et plusieurs fois vainqueur du championnat Juste Debout, il était une référence internationale de la house dance, entré en hip-hop en autodidacte. Danseur pour Blanca Li pour la fameuse pièce Macadam Macadam, véritable percée du hip-hop vers les autres esthétiques, il avait contribué au mouvement d’ouverture que l’on constate aujourd’hui. En janvier 2019, avec Bouside Ait Atmane, Iffra Dia, Johanna Faye, Céline Gallet, Linda Hayford, Saïdo Lehlouh et Marion Poupinet, constituant ensemble le collectif FAIR[E], il avait pris la codirection du CCN de Rennes et de Bretagne.
Cette disparition pose une question institutionnelle. Elle conduit à s’interroger sur le maintien du collectif à la tête de l’institution, sauf à vider de son sens le label CCN. Ce sont des personnes précises qui sont nommés « intuitu personae ». Elles ont d’ailleurs signé individuellement un contrat. Le contraire signifierait que la composition du collectif est indifférente à sa nomination… Céline Gallet, membre du collectif dont elle est l’une des « têtes pensantes institutionnelles », ne nie pas le problème. Elle souligne que si la possibilité pour un membre de quitter le collectif avait bien été prévu, cette « question n’a pas été évoquée jusqu’à aujourd’hui. Elle est purement juridique et un conseil d’administration exceptionnel sera réuni sous peu pour en discuter ». Mais elle insiste aussi sur le caractère expérimental de la présence de FAIR[E] à Rennes : « à nomination particulière, solution particulière », souligne-t-elle.
Philippe Verrièle
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°485
Légende photo : Ousmane Sy
Crédit photo : D. R.