La 42e édition du festival Jazz sous les pommiers, à Coutances (Manche), a accueilli les « Jazz Export Days », du 15 au 17 mai. Trente programmateurs étrangers ont suivi une programmation spécifique d’artistes français. Ils provenaient, outre des pays européens, d’Argentine, Australie, Brésil, Canada, Corée du Sud, Équateur, États-Unis, Indonésie, Japon, mexique, Singapour. Seul le continent africain n’était pas représenté. Cette opération était montée avec le Centre national de la Musique. Une délégation du CNM était présente avec notamment la venue de Jean-Philippe Thiellay (président), Anne-Sophie Bach (directrice du développement, de la communication et des partenariats), Louis Hallonet (directeur adjoint en charge du soutien aux projets artistiques et de l’international), Lizon Lavaud (cheffe de projet jazz) et Benjamin Demelemester (chef de projet international) et Virginie Ritt (responsable des aides développement international en jazz et musiques classiques). 8 showcases Un appel à candidatures avait été ouvert jusqu’à fin octobre afin de sélectionner les huit projets musicaux retenus pour présenter un showcase d’une trentaine de minutes. Une centaine de candidatures avaient été reçues. Les artistes ont été sélectionnés par les membres de la commission d’aide aux projets de développement international jazz du CNM puis par un jury composé de professionnels internationaux.
Étaient ainsi programmés, Arnaud Dolmen Quartet (Jazz Musiques Productions/Gaya Music Production), Camille Bertault (Acces Concert/Vita Production), Eve Risser Red Desert Orchestra (compagnie ReVeR), Laurent Bardainne & Tigre d’eau douce (DuNose Productions/ Heavenly Sweetness), Nout (Gigantonium), Théo Girard Trio (Discobole), Ishkero (GiantSteps/ Kyudo Records) et Rouge (Anteprima Productions). La première édition des Jazz Export Days devait avoir lieu en mai 2020. Tout comme le festival, elle a été annulée en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Les showcases des groupes qui avaient été sélectionnés ont pu se tenir en août 2021 (40e édition du festival déplacée en août toujours à cause du Covid-19), mais les professionnels n’avaient pas pu se déplacer cette année-là pour des raisons sanitaires. Le CNM avait alors décidé de filmer les groupes et de réaliser des montages vidéos, qui avaient été transmis aux professionnels internationaux.
Cette édition 2023 était donc la première en « présentiel ». Avant leur arrivée au festival, les programmateurs étrangers ont profité d’une visite touristique à l’incontournable Mont-Saint- Michel, situé non loin de Coutances. « La liste des délégués était très intéressante par rapport à ce que je vois habituellement. Je programme du jazz français depuis de nombreuses années. Ce type d’événement me permet de découvrir de nouveaux artistes, de garder les yeux et les oreilles sur ceux que je connais déjà et de suivre leur évolution », observe Oyvind Larsen, directeur de l’Oslo Jazz Festival (Norvège). « Le Magic Mirrors était très bien adapté pour les showcases. Nous avons tous vu de très belles surprises. Je pense que la plupart des programmeurs ont quitté l'événement pleins d’inspiration », souligne Frank Bolder, directeur du North Sea Jazz Festival (Pays-Bas). Filière jazz et international L’accueil de professionnels étrangers n‘est pas une nouveauté à Jazz sous les Pommiers. Par le passé avec le Bureau Export, avec l’Institut français, par des partenariats avec certains festivals, grâce aux prises en charge du réseau AJC, Coutances a toujours accueilli des programmateurs étrangers. Le nouveau dispositif est de bon augure pour le milieu du jazz, champ musical qui défend sa place au sein du Centre national de la musique.
Pour l’établissement public, cette association avec Jazz sous les pommiers visait à « mettre en lumière la vitalité et la diversité de la scène jazz française à destination de l’international.» De son côté, le festival Jazz sous les pommiers entend continuer à « jouer son rôle dans le développement de la filière jazz ». Selon Denis Le Bas, son directeur, il s’agit aussi d’offrir « un réel éclairage sur le jazz français qui mérite, par sa qualité, son inventivité, sa diversité, de tourner davantage à l’étranger et qui n’a rien à envier au jazz britannique, qui fut beaucoup sous les projecteurs ces dernières années ». Le principe d’une reconduction de l’opération est acquis, mais la fréquence n’est pas encore encore fixée (sans doute tous les deux ans). Dans quelques mois, au moment du bilan des suites concrètes générées par les contacts pris à Coutances, Jazz sous les pommiers et le CNM sauront si leur mission de mise en connexion a été concluante.
Nicolas Marc
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°539
Légende photo : Ishkero, le 16 mai à Jazz sous le pommiers
Crédit photo : Maxim François