La Cour des comptes recommande au ministère de la Culture de mesurer « le réel effort des collectivités territoriales » dans les festivals de tout type, de mieux « formaliser les objectifs attendus des événements subventionnés » et de « conditionner davantage les aides de l’État à des exigences de création, de démocratisation culturelle et de diffusion numérique ». Dans son rapport public annuel, la Cour consacre une section très documentée, « Festivals et territoires : les défis d’une politique partagée en matière de spectacle vivant », qui caractérise l’explosion du nombre d’événements depuis 40 ans comme « un fait culturel de grande ampleur », porté par les collectivités territoriales qui y dépensent 20 fois plus que l’État, ce qui a permis de « rééquilibrer l’accès à l’offre culturelle ».
Avec près de 7 300 festivals enregistrés (80 % portés par une association) par le ministère de la Culture en 2022, soit quatre fois plus qu’en 2004, « Les festivals de spectacle vivant constituent près des trois quarts des événements recensés : les festivals de musique en représentent environ 45 % et les festivals de théâtre, danse, arts de la rue, arts du cirque, arts du conte et humour près de 30 % ». Sans commune mesure avec les voisins : « Il y aurait autour de 2 000 festivals en Italie, 1 000 en Allemagne et au Royaume-Uni ».
Leur développement résulte « de l’appui des collectivités territoriales », avec un effort estimé à plus de « 300 millions d’euros par an (hors dépenses en nature sous forme de mises à disposition de locaux, de moyens techniques et de ressources humaines)», contre 50 millions de l’État en 2022, budget encore sous l’influence post-Covid (38 millions d’euros en 2019). L’enquête auprès d’un échantillon de huit festivals de spectacle vivant (Grand Est, Nouvelle- Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur) a montré « que la modernisation et le renforcement de la gouvernance des structures porteuses de ces manifestations constituaient un enjeu majeur ».
Gouvernance à revoir
Ce que montrent régulièrement les chambres régionales des comptes en rappelant les festivals à une modernisation et un renforcement de leurs structures, de leur organisation administrative ou de leur gestion. « La gouvernance des festivals de l’échantillon présente pour point commun d’être insuffisamment partagée entre les acteurs concernés », ajoute la Cour des comptes. Les rapporteurs y voient « la nécessité d’améliorer la formalisation conventionnelle et d’assurer un suivi plus rigoureux des objectifs poursuivis », et de favoriser les festivals qui suivent les objectifs de l’État de soutien à la création et à la démocratisation culturelle, avec une vraie exigence « quant à la mesure des résultats de leur action ».
Jérôme Vallette
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°556
Légende photo : Daniely Francisque au Festival d’Avignon 2023
Crédit photo : Eric Deguin