Trois questions à Vincent Dheygre, président des Écrivains associés du théâtre.
En quoi les auteurs de théâtre sont-ils très touchés dans cette crise ?
D’une part, les maisons d’édition ont freiné leur activité, d’autre part les résidences d’artistes et animations d’atelier d’écriture sont à l’arrêt. Il y a eu des instructions pour donner la possibilité de payer les auteurs même s’ils n’ont pas été jusqu’à la fin des ateliers, mais beaucoup d’autrices et auteurs disent le contraire : les établissements scolaires ne les payent pas parce qu’ils n’ont pas terminé l’atelier. Sur les représentations, on est au point mort. L’annulation du Festival d’Avignon et du Off est un coup très dur.
Qu’en est-il des fonds d’aide ?
Il y a le fonds d’aide SACD, le fonds SGDL (Société des gens de lettres) ou celui du ministère. Les conditions d’obtention sont très délicates. à l’arrivée, peu d’auteurs vont en bénéficier. De plus, la crise intervient au moment ou toute l’administration consacrée aux artistes auteurs étaient en réorganisation. Les autrices et auteurs sont face, aujourd’hui, à la complexité pour leur déclaration de revenus. Il faudrait qu’ils consacrent les deux tiers de leur temps pour administrer leurs droits. Avec la crise Covid, nous aurons six mois de disparition de revenus. En plus, certains d’entre nous écrivent aussi pour la radio, or la commande publique a baissé de moitié. Cette situation arrive au moment où la SACD a réduit l’action culturelle dont bénéficiaient les associations d’auteur à cause de la baisse de la copie privée. De plus, le mode de calcul des aides au fonctionnement a changé et les EAT ont perdu 8 % de leur budget.
Comment réagissent les EAT ?
Nous essayons de nous fédérer. Nous travaillons avec l’Afaa (Actrices et acteurs de France associés), le Syndicat national des metteurs en scènes et d’autres organisations pour parler d’une seule voix. Au sein de la chaîne de fabrication du théâtre les écrivaines et écrivains sont les plus fragiles. Ils n’ont pas de régime d’assurance chômage. L’annulation d’Avignon, pour nous, c’est une perte sèche. Cette situation confirme la nécessité de donner un tour plus syndical aux EAT. Suite au états généraux des écrivains de théatre, les EAT avaient dit qu’ils relaieraient les travaux de deux commissions, celle sur la parité et celle sur l’élaboration d’une charte de rémunération des auteurs dramatiques. Je suis heureux d’annoncer qu’on présentera cette charte issue du travail de commissions en conférence de presse, début octobre avec EGEET (États généraux des écrivaines et écrivains de théâtre).
Propos recueillis par Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°471
Crédit photo : D. R.