La saison du Théâtre de la Commune s’ouvre sur Dom Juan, mais aussi sur un conflit social qui divise le personnel. Le 10 septembre, deux déléguées du personnel CGT-Synptac ont appelé à une grève reconductible à partir du 20 septembre. Le texte dénonce les méthodes de la directrice Marie-José Malis, nommée il y a quatre ans : «12 ruptures conventionnelles, 4 suppressions de postes, des restructurations dans chaque service et des changements arbitraires d’attributions, l’impossibilité de parler simplement du travail, le discrédit et la mise de côté d’une partie du personnel, ainsi que la désagrégation du dialogue social». Quelques heures plus tard, une convocation à une assemblée générale est envoyée par deux autres délégués du personnel, élus majoritaires en juin dernier sur une liste a-syndicale, qui se disent «choqués» de cet appel à la grève. Cette AG du 12 septembre a abouti à un texte qui proteste contre une «méthode honteuse et anti-démocratique de se proclamer porte-parole d’un ensemble de salariés sans y avoir été invité».
Le texte de l’AG défend la mise en oeuvre du projet de Marie-José Malis et Frédéric Sacard, parlent de «sincérité, de confiance», soulignent que les départs se sont faits par ruptures conventionnelles. Le manifeste issu de cette AG est signé par 34 personnes qui sont dans une large majorité du personnel intermittent. «En réalité, il y a des intermittents qui nous soutiennent, mais pas des artistes de l’équipe de Marie-José Malis», répond Lucie Pouille, suppléante à la déléguée CGT-Synptac. Elle décrit un climat qui s’est tendu depuis janvier, une demande de médiation refusée, une lettre aux tutelles restée sans réponse et des mesures de rétorsion qui les ont incitées à laisser les intermittents à l’écart du conflit «pour ne pas les mettre en danger».
Le Syndicat français des artistes (SFA-CGT) les soutient dans un communiqué virulent qui parle de «situations de maltraitance, pratiques humiliantes, déloyales voire discriminantes» et suspecte même la direction d’irrégularités dans l’emploi d’artistes. La directrice qui est aussi présidente du Syndeac parle d’un «conflit du travail pas gravissime qui prend des proportions déraisonnables». Elle estime qu’il y a une «description malhonnête de départs normaux à l’arrivée d’une nouvelle direction de CDN». Et juge impossible de répondre à la revendication CGT d’un «gel de toute nouvelle création ou suppression de poste, et des restructurations en cours».
Yves Perennou
En partenariat avec La Lettre du Spectacle n°434
Légende photo : Dom Juan, mis en scène par Marie-José Malis
Crédit photo : D. R.