Les chiffres sont à appréhender avec prudence. Mais ils pourraient bien modifier le prisme au travers duquel se vit actuellement une grande partie du spectacle vivant subventionné. En dépit d’une année marquée par l’inflation et la hausse des coûts de l’énergie, la direction générale des Finances publiques (DGFiP) a en effet annoncé que les comptes des collectivités locales se portent plutôt bien globalement en 2022, avec des niveaux en hausse, tant au niveau des dépenses que des recettes. Il s’agit des chiffres 2022, arrêtés au 31 janvier 2023. Et on est assez loin des prévisions alarmistes émises à l’automne dans une note de conjoncture de La Banque postale pour 2022, comme le rappelle La Gazette des communes.
D’après la DGFip, les recettes de fonctionnement globales de l’ensemble des collectivités locales sont en hausse de 4,8 % (soit un accroissement de 10,2 milliards d’euros, grâce notamment à une hausse des recettes fiscales en progression de 5 % via un accroissement de 7,3 milliards d’euros. Un solde favorable au regard des dépenses de fonctionnement, qui progressent elles aussi à vive allure mais dans des proportions légèrement inférieures (+ 4,5 %, pour un peu plus de 8 milliards d’euros). Les dépenses d’investissement augmentent pour toutes les strates de collectivités (+ 0,8 % pour les régions, + 3,9 % pour les départements, + 8 % pour le bloc communal). La capacité d’autofinancement est d’ailleurs au beau fixe (voir histogramme).
Même si ces chiffres doivent encore se concrétiser dans les comptes de résultat définitifs de 2022, au 31 mars 2023 dans de nombreux cas, ils interpellent sur les arbitrages déjà actés des budgets culture ou qui font actuellement l’objet de polémiques et de négociations. Ils ne surprennent pas Christophe Bennet, président de la Fnadac : « Évidemment que les collectivités sont obligées d’être au minimum à l’équilibre, contrairement à l’État qui peut toujours s’arranger avec la Commission européenne. Car dans le cas contraire, elles courent le risque de se retrouver sous la tutelle de leur préfet, qui entreprendrait ensuite de nettoyer les écuries d’Augias et cela, aucune d’entre elles ne peut le souhaiter ». Pour Frédéric Hocquard, président de la FNCC (Fédération nationale des collectivités pour la Culture), « quand les hauts fonctionnaires de Bercy commencent à dire que vous avez trop d’argent, c’est toujours mauvais signe. Cela veut dire que cela va être le prétexte à une augmentation des prélèvements ou à une baisse de vos ressources ».
Nicolas Mollé
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°533
Source : DGFiP