Un e-mail transmis par la direction du Centre national de la danse (CND) aux salariés, le 22 décembre, a provoqué une vive inquiétude dans l’institution. Il s’agissait du compte rendu du comité de direction du 20 décembre qui évoquait la question des façades de l’institution.
Depuis juillet 2017, la dégradation du béton de ses façades est devenu si préoccupante qu’il a fallu prendre des précautions (filets de protection) pour éviter les accidents. Cette situation a soudain été évoquée par la direction dans des termes alarmants. Il est fait mention d’un courrier de l’Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture) adressé à la DGCA (Direction générale de création artistique) le 15 décembre, estimant le budget de rénovation à 24 millions d’euros et demandant au ministère de la Culture des garanties sur la soutenabilité financière de l’opération avant d’engager un appel d’offres.
Dans le compte rendu communiqué par la direction du CND, il est fait mention des scénarios possibles. Sachant que les filets de protection ne sont garantis que jusqu’en janvier 2021, il est évoqué un déménagement temporaire ou définitif, si le ministère ne s’engageait pas à financer l’opération. La nouvelle a surpris les salariés.
Le bâtiment de Pantin appartient à la ville, mais celle-ci ayant signé un bail emphytéotique avec l’état, c’est ce dernier qui prend en charge l’entretien. En revanche, la DGCA n’a pour le moment reçu aucune des études de phasage ou d’étalement des travaux qu’elle avait demandées à l’Oppic, pas plus que d’indication sur la possibilité d’assurer la continuité du service dans le bâtiment. Toute annonce de déménagement apparaît, dès lors, prématurée.
Il est étonnant que ce problème grave mais bien repéré refasse surface. La mauvaise qualité du béton était déjà connue lorsque les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse ont mené la restauration en 2004. Et quand les travaux du troisième et quatrième étages ont été achevés, en 2013, ou encore quand les aménagements nouveaux ont été effectués, en 2015, cette question n’échappait à personne. Nous écrivions dans la Lettre du Spectacle du 12 juin 2015 : «Le béton du bâtiment historique continuant à se dégrader, un traitement important s’imposera rapidement.»
Il semble que, faute de traitement à temps, la dégradation se soit aggravée. La dramatisation par la direction du CND sonne, dès lors, comme une façon de prévenir des difficultés sociales.
PHILIPPE VERRIELE
(En partenariat avec La Lettre du Spectacle du 17 janvier 2018)
Légende photo : Le CND, à Pantin. Crédit photo : Marc Domage.