Rui Pereira, fondateur et directeur de la société Inclusiv’Events, a mis au point une solution pratique pour faciliter les accès, notamment des festivals, aux personnes à mobilité réduite : le cheminement d’accessibilité universelle CAU-Mobility. Mais son produit dépasse l’accueil des PMR et permet de combler un grand nombre de besoins.
Comment avez-vous inventé ce cheminement d’accès universel ?
J’ai créé le festival de la différence et de la diversité Fest’Dif à Villeurbanne (en 2011), avec l’idée de casser les préjugés sur les minorités et, dans ce contexte, j’ai travaillé sur l’accessibilité. En 2016, on a créé un plancher vibrant. En 2017, j’ai cette idée de cheminement universel. J’ai travaillé avec une école de plasturgie, à qui j’ai donné mon cahier des charges, et avec qui on a choisi le procédé le plus adapté. J’ai fait 2 prototypes. En 2019, nous l’avons testé au festival Woodstower (Lyon), puis nous avons lancé la production et la commercialisation effective a eu lieu en janvier 2022. J’ai investi sur 200 m de cheminement que je loue : l’idée, c’est de le vendre, mais comme c’est un investissement, la location permet à tous de l’utiliser. Depuis, tout le monde adhère. À l’achat, c’est 550-580 euros du mètre, présenté en plaques de 50 cm qui s’accrochent les unes aux autres. À la location : tout dépend du budget, mais c’est en moyenne 7 euros le mètre pour deux jours. J’essaie de m’adapter au budget de l’événement, car mon objectif est de rendre accessible. Je reste militant.
En quoi ce procédé est-il innovant ?
L’innovation, c’est que c’est adapté à tout public, pour les personnes à mobilité réduite au sens large, comme avec les personnes malvoyantes pour lesquelles on a un rail de guidage situé au milieu des plaques. C’est aussi une innovation d’usage, car ce sont des plaques qui permettent de s’adapter à 50 cm près des besoins. C’est donc très modulable et fait d’une matière suffisamment dense pour que ça ne bouge pas. Chaque plaque fait 13 kilos. C’est donc stable et souple à la fois, pour épouser le sol. On le pose sur tout ce qu’on veut, sable, pelouse, pavés, herbe, terre, graviers, etc. C’est beaucoup plus large comme usage : ça peut être sur des sites touristiques, pour contourner des travaux, dans des cimetières, etc. Pour la plupart des festivals qui m’ont contacté, ça a très bien fonctionné. J’ai eu une grande visibilité au Hellfest, à We Love green ou Rock en scène.
Vous faites aussi des diagnostics auprès des événements et des lieux ?
Oui, on propose, en mutualisation avec des partenaires de longue date, un Pack accessibilité universelle des événements. On propose de faire un diagnostic. Je fais, soit du conseil ponctuel, soit des diagnostics complets. On analyse en amont de l’événement, les besoins, et ce qui a été fait. On travail sur tous les aspects : la communication l’arrivée des personnes (parking camping), et sur site : les actions matérielles, mais aussi le côté humain, avec l’handiaccueil. L’idée est d’avoir quelque chose de global. Mais nous travaillons beaucoup dans les détails. Nous travaillons étape par étape. C’est comme ça qu’il faut consolider une base. À chaque fois, on va un peu plus loin.
Propos recueillis par Jérôme Vallette
En partenariat avec La Lettre du spectacle n°548
Légende photo : Le CAU-Mobility d’Inclusiv’ Events au Hellfest
Crédit photo : D. R.